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Ce blog et les écrits qu'il contient sont mis à disposition par Michel Bosseaux (l'auteur) selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
 
 

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1 août 2025 5 01 /08 /août /2025 10:58

- Tout a commencé avec cette énième affligeante émission de téléréalité, « Amours incompatibles ». Ou peut-être que j’aurais dû repartir des débuts de ce type d’émissions, à partir de Loft Story

Le professeur hésite un instant puis poursuit.

- Non, vous avez déjà vu cette partie-là dans la vidéo introductive la semaine dernière, vous vous en souviendrez sûrement !
 

Petits rires gênés dans la salle.

Ou bien vous irez revoir pour réviser !
Donc, cette émission …
L
e concept était redoutablement simple en fait. Sélectionner deux célibataires radicalement différents sur les goûts, le style de vie, la personnalité, qui ne pourraient pas se supporter. Et leur proposer, contre beaucoup d’argent, un appartement, une vie confortable, de peu à peu bâtir une relation amoureuse et la vivre vraiment !

Des murmures choqués s’élèvent alors de l’amphithéâtre. Le professeur continue, imperturbable.


Les exemples de couples ainsi assemblés comptaient notamment une grande sportive et un gamer devant son écran 12h par jour minimum, une végan totale (style de vie complet) et un fanatique de grillades, une intellectuelle reconnue et un footballeur n’ayant fini ses études que grâce au sport … et je vous passe les exemples les plus « choquants ».

En tout cas pour l’instant.

Le professeur adresse un clin d’œil à l’assistance. Quelques rires s’élèvent

 

- Pour gagner, les participants devaient passer une à une toutes les étapes de formation d’un couple, premier date, 2ème, un bisou, un câlin, un autre date… Je suis sûr que vous connaissez tous la chanson, pas besoin que je continue !

Tout l’amphithéâtre bruisse de rires cette fois.

- Mais Il faut que je vous dise jusqu’où ils étaient censés aller… Très peu de couples ont renoncé d’ailleurs. Les candidats étaient soigneusement sélectionnés pour être dans une situation financière « précaire »
Ils n’avaient donc pas vraiment le choix de refuser.
La production de l’émission attendait d’eux qu’ils deviennent intimes … oui oui, ne gloussez pas. Pas qu’une seule fois, non. Il fallait qu’ils aménagent ensemble, dorment ensemble, sous l’œil des caméras, omniprésentes à chaque étape depuis le début. Pas le droit de faire chambre à part, les disputes devaient se régler avant d’aller dormir. Il fallait que la proximité devienne « réelle. » pour les spectateurs.

Et elle le devenait !


Au début bien sûr, les participants ne se supportaient pas, hurlaient, s’ignoraient … se faisaient rappeler à l’ordre et se rapprochaient. Et peu à peu, cela devenait une habitude, consciente, avec des efforts, puis inconsciente …
Et puis à force, les gestes de tendresse non simulés commençaient.
L’être humain s’adapte à tout, et est très doué pour se faire croire qu’il aime ça.


Là, la salle entre en éruption. Choc, dégoût, exclamations diverses.

- Je vous entend bien, oui c’était profondément choquant, de la pornographie, même de la prostitution… vous avez raison !
Et les plaintes contre l’émission se multipliaient mais les participants étaient consentants, les scènes de sexe n’étaient pas tournées de façon à montrer réellement quoi que ce soit, juste suggérer par les sons et les mouvements …

Du calme !

Mais la production, trop en confiance, a fini par faire le pas de trop.

Ils ont voulu caster une militante féministe lesbienne … et un masculiniste.
Et évidemment, oui je vous entends c’est outrageant … ça ne pouvait pas passer.
Et l’émission a été interdite. Pour ceux qui se demanderaient pourquoi, ça équivalait à une thérapie de conversion, pas tout à fait forcée mais contre rétribution quand même de celui qui allait convertir l’autre …

Le débat public s’est enflammé. L’interdiction de toutes les téléréalités a été votée. Ça aurait dû être la fin.

Pendant des semaines les producteurs ont été au centre de l’attention médiatique et leur carrière a été brisée. Ils ont dû se cacher, ils ont même fini par fuir le pays pour échapper au harcèlement.

Et peu à peu les médias ont porté leur attention sur autre chose. Le mariage de Taylor Swift il me semble.
Mais ça, c’est l’objet d’un autre cours…


Le professeur adresse un clin d’œil complice à ses yeux, hilares.


- Et c’est là que le gouvernement s’empara du concept.

C’était l’époque de « la grande crise du célibat ».  De plus en plus de célibataires précaires, à cause des loyers et de l’inflation, dépendant donc d’aides sociales très coûteuses pour l’état, ne payant aucune taxe … et une consommation en berne.
Alors le gouvernement, dans son infinie sagesse …
* roulement d’yeux * a eu l’idée de proposer à des célibataires sélectionnés de tenter la même expérience que dans l’émission.

Le but : former des couples plus à l’aise financièrement, consommant plus, et ne dépendant plus des aides.

Evidemment, ils ne sélectionnaient pas des partenaires aussi différents que dans l’émission. Cet aspect-là, plus personne n’en voulait.

Au début ils pensaient naïvement que leur promettre une meilleure vie ainsi suffirait à les motiver. Mais bien sûr ce ne fut pas le cas.
Alors on leur offrit plus.

 

Une prime mensuelle (moins élevée que leurs anciennes allocations) fut ajoutée, ainsi qu’un logement parmi ceux laissés vacants par leur propriétaire pendant au moins un an, et que le gouvernement a fait saisir.

En contrepartie, s’ils voulaient que le logement leur appartienne vraiment, ils devaient rester ensemble au moins 5 ans.

C’était risible bien sûr.

Quant à savoir comment le gouvernement imaginait contrôler la réalité des couples …


il fallait que cela aille jusqu’à un mariage et un enfant, dans un délai maximum de 2 ans. En cas d’infertilité, on facilitait l’adoption.


Des protestations s’élevèrent parmi les étudiants, mais le professeur leva la main

- Garder votre énergie pour plus tard, le pire n’est pas encore venu !

Un logement gratuit ne suffisant toujours pas à motiver les candidats à renoncer à leur liberté… la politique, de proposée, devint imposée à l’ensemble des célibataires de plus de 25 ans.


Ceux qui refusaient devaient s’acquitter d’une énorme amende, absolument dissuasive. Idem si rupture avant les deux ans.

Et une fois l’enfant arrivé… on ajouta 3 ans de +.

Le logement ne fut plus offert au bout de 5 ans mais devint prêté sans loyer… sauf si séparation.

 Une seule exception tolérée pour refuser sans pénalité : choisir soi même un partenaire dans un délai d’un mois, et emménager immédiatement.

Devant l’ampleur des contraintes, les célibataires se soumirent…

Et pour un temps, le gouvernement cru que la formule de l’émission fonctionnait à nouveau.

Mais ça ne dura pas.

Peu à peu, la grande majorité des couples ainsi formés se déchirèrent, sous le regard des enfants. Ils restaient ensemble contraints et forcés mais ni heureux, ni se supportant. Ils remplissaient les obligations légales mais la violence (verbale ou même physique) était constante.

Jusqu’à la fin du délai de 5 ans et de la menace d’amende.

Et là, arriva ce que le gouvernement n’avait pas anticipé.

Quasiment tous les couples se séparèrent dans un délai relativement court, perdant de fait le logement, et retrouvant pour la plupart leur précarité d’avant. Et là, le gouvernement était dans l’obligation, à cause de lois qu’ils n’avaient pas abrogées, de ne pas les laisser à la rue et de leur verser les aides sociales.

Le système économique s’effondra très vite, plus personne ne voulant se remettre en couple.

Les étudiants souriaient maintenant, pensant que c’était la fin, respirant mieux.

- Ne vous réjouissez pas trop vite …
Le gouvernement n’avait pas compris la leçon.

On exigea que les couples se reforment, on menaça de les laisser à la rue à se débrouiller sans aides. Les délais minimums furent supprimés pour les nouveaux couples. On imposa également un deuxième enfant, pour la démographie.

Ce fut le point culminant de cette politique dictatoriale.

Là, vous pouvez vous indigner !

 

Mais les étudiants étaient trop sous le choc pour réagir, alors le professeur continua :

- Et encore une fois, cela fonctionna. Les gens n’avaient aucun choix … alors ils plièrent.
Et cela dura, longtemps. Jusqu’à la majorité des enfants.
Le gouvernement avait pensé un instant à en imposer un 3ème mais cela fut jugé excessif
-

Le professeur s’interrompt pour retrouver sa contenance devant tant d’ironie.

- Et donc ils y renoncèrent.

Et vint le tour des enfants devenus adultes.


L’âge d’application de cette politique de couple forcé avait été abaissé à 21 ans, afin que plus personne n’emménage seul à l’avenir. C’était d’ailleurs illégal.

Les enfants restaient donc chez leur parent jusqu’à leur majorité, commençaient à travailler, et quand venait les 21 ans, avaient un mois pour emménager avec un partenaire de leur choix, ou accepter celui qu’on leur désignait.

Et c’est là que cette nouvelle génération trouva la faille.

On ne pouvait pas, après tout, imposer la moindre amende à quelqu’un d’insolvable. Alors ils ne cherchèrent pas de travail et restèrent simplement vivre avec leurs parents. Et refusèrent de se mettre en couple

Cela provoqua bien vite de nombreux problèmes dans la société, et le gouvernement chercha désespérément des moyens de contrer le mouvement, par exemple en rendant illégal d’habiter chez ses parents après 21 ans.

Et là, ce fut la goutte d’eau, et La Grande Grève commença.

Toute la société se souleva contre cette menace de trop, de sanctionner les parents si les enfants restaient vivre avec eux.

Face aux pressions de plus en plus grandes mises par le gouvernement, la réponse des parents fut la même que celle que leurs enfants avaient initiée : la résistance par l’immobilisme.

Du jour au lendemain, tout le monde arrêta simplement de travailler et même de sortir de chez soi (ou le minimum).

Plus rien ne bougea pendant une semaine.

Il n’en fallu pas plus pour que cette fois, le gouvernement capitule définitivement.

Toutes les lois sur la vie de couple furent abrogées, les logements prêtés furent donnés sans contrepartie.

On organisa les premières élections législatives depuis 25 ans.

Et peu à peu la vie reprit son cours… plus libre. Libre d’aimer qui on veut, quand on veut. Et pas pour résoudre soi-disant quelques problèmes politiques.

Et les enfants eurent des enfants par choix, par amour.
Et vous voilà aujourd’hui !


Parmi les étudiants, pas un n’ose bouger ou dire un mot. Le temps est comme suspendu.

Le professeur en choisit un, visiblement choqué par la fin du récit, et lui demande ce qu’il en pense.

- Professeur, je … nous tous ici, en tout cas la plupart … nous avons toujours pris nos parents et grands-parents pour, hé bien …
- Des ratés ? qui ont encore besoin de psys aujourd’hui à cause de leur enfance foireuse ? Qui font une crise post traumatique quand ils reçoivent un courrier du gouvernement ?

L’étudiant, gêné, acquiesce.
Le professeur reprend.

- Vous n’imaginez même pas la force qu’il leur faut pour tenir debout, aller travailler, afficher un sourire … la force qu’il a fallu pour vous élever malgré les traumatismes. Juste pour accepter l’idée de se mettre en couple et avoir des enfants, après tout ça, l’image du couple que cela leur avait donné. Une prison.

Vos parents ont fait ce que les leurs n’ont pas pu ou pas osé : ils ont résisté et brisé le système. Sans violence.

Mais ils n’en sont pas ressortis indemnes. Personne n’aurait pu. Ils ont fait de leur mieux, et comme je l’ai dit … vous voilà aujourd’hui ! Libres, curieux, ouverts.

Pas mal, non ?

Le silence retomba sur l’assemblée. Il fut long, et cette fois, le professeur ne l’interrompit pas, laissant le temps à ses étudiants de digérer.

Puis, finalement, quelqu’un prit la parole.
- Heureusement, tout ça… c’est loin derrière, c’est le passé. Ça ne pourra jamais se reproduire.
- En êtes-vous si sûrs ?

Le professeur observa son élève, qui ne savait que répondre.

Il prit la télécommande de l’écran multimédia, pour lancer la vidéo qu’il avait préparée au cas où.

La première image apparut et le son démarra.

« Bientôt sur vos écrans ! Le revival d’une émission culte à son époque, qui a su déchaîner les passions et faire émerger une génération de stars devenues modèles pour la jeune génération.
A la rentrée sur TTN Global, découvrez, des décennies plus tard, la nouvelle génération de... Loft Story ! 
»

FIN

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2 septembre 2023 6 02 /09 /septembre /2023 15:27

 

(Les premiers textes de ce recueil, interrompu brutalement, datent de novembre 2018. )

De retour en 2023 après (à nouveau)  de nombreuses années sans écrire. On aurait pu penser (et moi en premier) que depuis lors les braises étaient bien éteintes, étouffées sous la fumée.

Mais on ne sait jamais exactement quand peut survenir le retour de flammes. Ici, il m'aura fallu un défi lancé par ma meilleure amie, et 31 nouveaux textes plus tard (!), je relance le feu ^^

Je reviens donc à mon amour immodéré pour les logorallyes (écriture sur des listes de mots). N'hésitez pas, en dessous de cet article, ou de celui regroupant les listes de mots sélectionnées jusqu'ici, (et sur lesquelles se sont construits les textes ci-dessous), à me proposer vos propres listes. 

  1. Sans enjeux ni attentes
  2. Le Diable patient
  3. Comme si la mort en dépendait
  4. Dors

    A suivre ...
 

 

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2 septembre 2023 6 02 /09 /septembre /2023 14:05

 

[Edit] Achevé 02/09/2023

Il y a quelques années déjà, je m'étais fixé le défi d'écrire (ou réécrire) un texte sur chaque exercice proposés par le défunt atelier d'écriture "Ecriture ludique".

Je n'ai pas mené le projet à son terme, mais souvent, le plus beau n'est pas de voir la fin du chemin, mais de l'arpenter en découvrant ce qui nous attend à chaque étape.

Je republie ici les 7 textes écrits à l'époque - et publiés sur un blog aujourd'hui disparu (heureusement préservé de l'oubli par Web Archive), en espérant qu'ils puissent ainsi trouver de nouveaux lecteurs.

  1. Chemin de rêves
  2. Le programme
  3. Hommage
  4. La mare aux grenouilles
  1. Business
  2. Jamais pareil
  3. Liberté
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1 septembre 2023 5 01 /09 /septembre /2023 07:47

Un jour, un mot pour servir de thème, et créer ... qu'il s'agisse de photographie, dessin, peinture, écriture, à votre convenance. C'était l'exercice proposé en aout 2014 par divers sites, et qu'une amie m'a suggéré de remettre au goût du jour en ce mois d'aout 2023.

Retrouvez donc ci-dessous la liste des textes écrits au fil des jours (parfois avec un peu de retard, car l'inspiration ne se commande pas, mais l'essentiel est de participer, non ?)
 

01/08 - Vendredi
02/08 - Bleu
03/08 - Cabane
04/08 - Gribouillis 
05/08 - Soirée
06/08 - Animal
07/08 - Sourire
08/08 - Rose
09/08 - Totem

10/08 - Monument
11/08 - Graffiti
12/08 - Energie
13/08 - Répétition
14/08 - Vert
15/08 - Bulles
16/08 - Matin
17/08 - Sucre
18/08 - Lettre(s)
19/08 - Douceur
20/08 - Yeux
21/08 - Papier
22/08 - Route
23/08 - Couleur
24/08 - Forêt
25/08 - Téléphone

26/08 - Noir
27/08 - Voyage
28/08 - Lignes
29/08 - Fleurs
30/08 - 10 heures
31/08 - Portrait
 
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1 septembre 2023 5 01 /09 /septembre /2023 07:46

Texte écrit dans le cadre du défi créatif d'aout 2023.


Dans sa petite maison, près de Charleroi en Belgique, l’auteur mettait la touche finale à sa série de portraits de mots. Les yeux rivés à l’écran, les doigts courant sur le clavier mécanique en produisant ce son qu’il appréciait tant, même la pluie qui tombait à verses à l’extérieur et tentant de s’infiltrer par tous les interstices n’auraient pu le détourner de ces quelques lignes qui le séparaient de la fin du défi qu’on lui avait lancé.

Il devait dépeindre une scène, des personnages, une ambiance, peu importe, chaque jour de ce mois d’aout, au rythme d’un mot imposé pour chaque jour.

Aujourd’hui, c’était ce mot parfait pour conclure la série, et la décrire toute entière : portrait. Car en effet, chaque jour, il avait fait le portrait d’une histoire, d’un lieu, d’un genre… Et quoi de mieux pour terminer que de tourner son regard virtuel vers lui-même, comme un clin d’œil à ses lecteurs éventuels ?

Evidemment, il fallait que cela reste intéressant, et l’auteur se demandait, en avançant dans son travail, comment s’extraire de la simple contemplation de son nombril, et trouver la source de lumière qui révèlerait le sujet de ce texte.

Il soupira. Rien ne venait. L’inspiration était capricieuse, comme toujours. Mais il avait appris à faire sans.

Il égrenait dans son esprit ses souvenirs de chacun des portraits de cette galerie presque achevée, de l’employée au bord du burn-out à un complot terroriste contre un pouvoir oppresseur,  de la peinture magique d’une simple fleur afin de lui donner vie, au dialogue entre un père et son fils à propos d’une guerre qui n’avait pas (encore ?) eu lieu. Il avait tenté de nombreux genres différents, pour ne pas (se) lasser, pour tenter de libérer sa plume du sommeil qui l’avait emprisonnée depuis tellement d’années, depuis qu’il avait choisi de la combattre.

Car écrire n’était pas sans conséquences. Chercher (et parfois trouver) la vérité de ce que l’on veut raconter implique de plonger profond en soi, non seulement pour y trouver des connaissances, mais également des souvenirs, des émotions, de vrais fragments d’âme encore bien vivaces, afin de donner vie à des mots qui ne seraient rien d’autre qu’une longue litanie autrement. Et cela ne laisse pas indemne … Les fragments d’âme vous savez, il y en a qui brûlent un peu dans le processus.

Juste un peu, vous direz-vous, ce n’est pas bien grave.

En vérité, selon desquels il s’agit, cela peut être une torture.

Et dans certains cas, une fois le processus alchimique achevé, il peut arriver qu’entre la réalité et le monstre de Frankenstein ainsi animé, il soit étrangement presque possible de basculer. Pas de fil d’Ariane pour retrouver son chemin vers soi, pas de lumière au bout du tunnel pour savoir de quel côté est la surface…

Jusqu’aux larmes, à l’étouffement … jusqu’à avoir très envie d’un verre.

Mais cela, l’auteur avait réussi à y échapper. Au prix malheureusement d’autres fragments d’âme. Car écrire est aussi bien la maladie que la cure, le « choix du diable » en quelque sorte. Entre deux maux, il faut choisir le moindre dit-on. Il avait cru que ne plus écrire ne pouvait pas être pire que la lutte permanente pour rester lui-même sans se noyer dans l’alcool.

Il avait découvert, au fil des années, que derrière cette porte qu’il avait fermée, des fragments s’étaient éteints, et un grand vide avait rempli l’espace. Insupportable.

Depuis trop longtemps il n’était plus lui-même.

 

Alors ce n’est pas une rose qu’il avait cherché à faire émerger d’un tableau, tout au long de ce défi. Mais cette version de lui-même complète qu’il avait abandonné sans se retourner. Pourvu qu’elle existe encore.

Pourvu qu’il ne retombe pas dans le sommeil à l’issue de cet ultime portrait.

 

Voilà. Les derniers mots défilent sur l’écran, un à un.

L’auteur a peur, maintenant. Que va-t-il donc advenir de lui ?

Mais bien sûr, c’est une autre histoire.

 

Et avec un peu de chance (et beaucoup de temps) …

Je vous la raconterai aussi.

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