(Les premiers textes de ce recueil, interrompu brutalement, datent de novembre 2018. )
De retour en 2023 après (à nouveau) de nombreuses années sans écrire. On aurait pu penser (et moi en premier) que depuis lors les braises étaient bien éteintes, étouffées sous la fumée.
Mais on ne sait jamais exactement quand peut survenir le retour de flammes. Ici, il m'aura fallu un défi lancé par ma meilleure amie, et 31 nouveaux textes plus tard (!), je relance le feu ^^
Je reviens donc à mon amour immodéré pour les logorallyes (écriture sur des listes de mots). N'hésitez pas, en dessous de cet article, ou de celui regroupant les listes de mots sélectionnées jusqu'ici, (et sur lesquelles se sont construits les textes ci-dessous), à me proposer vos propres listes.
Ce texte est écrit dans le cadre du projet "Retour de flammes" (écriture autour de mots imposés)... mais aussi beaucoup plus personnel.
Douces pensées, tout mon soutien et mon amour, à quelqu'un de très cher qui se reconnaîtra ...
Dors, petit ange, dors encore un peu au creux de mon ventre. Laisse-moi imaginer ton sourire, t'admirer déjà à m'en faire mal aux yeux. Laisse maman justifier ses larmes ainsi, par la joie anticipée, et ne te soucie pas de ce monde et ses douleurs. Garde mes rêves encore un peu, le temps que la détresse et la colère passent. Mes émotions sont un peu excessives, mais je t'aime tant tu sais, alors c'est difficile d'accepter pour l'instant. Mais bientôt, je te promet.
En attendant je te veille au fond de mon ventre, et je repense à notre rencontre, à ton papa et moi, la simplicité et l'évidence alors qu'autour tout le monde me mettait en garde ; l'élan qui m'a poussé vers lui, le sentiment de transe, le doux abandon quand je suis dans ses bras, quand tout autour se fait léger en un instant ; et puis nos danses, les yeux dans les yeux ... mais nos moments querelleurs aussi, ces orages d'été entre deux soleils heureux.
Je l'aime ton papa, et je t'aime aussi, je suis folle d'amour pour vous deux, et j'ai déjà tellement rêvé de notre vie à trois, quand tu seras là, dans ce bel avenir où nous arriverons à simplifier tout le compliqué comme par magie pour ne garder que cet amour ... cet avenir qui m'a pris par surprise quand on me l'a annoncé, il y a deux mois, et m'a appris le vrai sens du mot "bonheur".
Ce bonheur qu'on voudrait m'arracher aujourd'hui, qui me laisse livide.
Dors, petit ange, dors, il n'est pas encore temps. J'ai encore besoin de te sentir un peu là, pour m'habituer.
Je sais que ce n'est pas la fin bien sûr, ni pour toi ni pour moi. Tu n'étais pas prêt - ou peut-être est-ce moi -, alors tu t'éveilleras directement dans le monde suivant. Ton papa et moi on parlera de toi à tes frères et sœurs, quand ils seront là. On leur dira combien on t'a aimé dès le début, combien on t'aime, autant qu'eux. Tu auras une famille, ta famille.
Il t'a fallu t'en aller, mais nous ne t'oublierons jamais.
Ce texte est écrit dans le cadre du projet "Retour de flammes" (écriture autour de mots imposés) #003 Fab
désir, élément, océan, souffle, cendres, ailes, métal,
cascade, main, lumière, poussière, pâquerettes, train
On aurait pu aller cueillir des pâquerettes, puis s'allonger au bord de l'océan, toi en train de les effeuiller, moi contemplant la cascade de lumière dans ta chevelure blonde ... nous deux les yeux dans les yeux, nos mains ne se lâchant pas.
Cela aurait suffi à mes désirs, et nous aurions pu le faire n'importe où, mais tu rêvais de quelque chose de spécial, plus loin que nos pieds ou le train auraient pu nous porter. Et nous avons pris l'avion.
Tu as toujours dormi très facilement dans les transports, alors tu as plongé dans les rêves, et je t'y ai rejoint un peu. Sans lâcher ta main.
Maintenant je suis bien réveillé, et tu commences aussi à émerger, encore inconsciente de ce qui se passe réellement. Des moteurs en flamme sur les ailes, du hurlement atroce du métal déchiré, de l'indescriptible panique comme l'avion commence à plonger vers l'océan, comme si mes rêves tendaient à se réaliser, mais dans le désordre ...
Mes pensées cherchent à s'évader de l'instant, mais je les rattrape et revient vers toi. Tu ne comprends pas encore, et tu me regardes, désorientée.
Je t'embrasse, à nous couper le souffle à tous les deux. Comme si notre mort en dépendait.
Je la veux paisible, les yeux fermés, à te ressentir encore un instant. Puisqu'elle est inévitable, puisque nous allons finir ici, pas loin, juste quelques secondes encore avant la fin ... je veux que notre baiser nous accompagne de l'autre coté.
Tu pleures doucement, en me serrant plus fort.
Une intense chaleur nous emporte
Je n'ai rien senti. Il semble que toi non plus. Tu souris paisiblement, délivrée tout comme moi de la peur.
L'avion a explosé avant de toucher l'eau, nous regardons d'en haut la poussière et les cendres se disperser dans les éléments déchaînés.
Tu rêves des pâquerettes, j'ai bien reçu l'image. Je rêve du soleil dans tes cheveux.
Soudain nous sommes sur cette plage. Etonnés et heureux.
De l'existence, il n'a jamais pu voir que les complications potentielles, comme les torrents qui débordent après un orage particulièrement violent, le spectacle de clowns qui fait peur au point de finir avec une camisole, et le psychiatre qui écrit, écrit, sans jamais rien dire. Le Diable aussi, qui se cacherait dans les détails, du plus insignifiant au plus explosif. Le Diable patient, au rire silencieux.
C'est ainsi qu'il décrivait sa maladie, dans de rares moments de lucidité au milieu de longues logorrhées verbales, dont le sens finissait par se perdre. Mais pour lui, c'était limpide ! Nous faisions juste exprès de ne pas comprendre, nous faisions partie du complot.
Il a laissé la paranoïa dicter le moindre moment de sa vie, lui imposer chaque pas, chaque geste, sans voir ce qu'il pourrait accomplir si un instant il décidait de se battre, d'être l'auteur du spectacle, pas le spectateur, la victime. Sans voir que rien n'est jamais aussi définitif qu'il le prétendait : tant que la roue n'a pas fini de tourner, tout reste possible, il reste de la place pour le rêve, même le plus flamboyant.
Sans voir que ce n'est pas le monde qui cherchait à le blesser, constamment, cruellement, seulement ses mots, trop incisifs, qui retranchaient l'espoir à chaque fois. La peur qui naissait derrière chaque mouvement, chaque idée, la moindre infime variation réelle ou supposée de la réalité, et à laquelle il succombait invariablement.
Il ne pouvait pas voir tout cela, bien sûr ... et nous ne le comprenions pas.
Mais si seulement il nous avait laissé l'aider. Si seulement il ne s'était pas retranché derrière ces murs qu'il aurait du rejeter de toutes ses forces.
Ceux que la maladie avait construit en lui, peu à peu, et qu'il a fini par affirmer être son œuvre, pour le protéger de nous, "les méchants".
Un jour il a disparu.
Cela faisait si longtemps que nous n'avions pas eu des ses nouvelles.
Il est en paix maintenant, délivré de ce cauchemar, c'est ce que je veux croire.
Il a choisi de le fuir.
Je me demanderai toujours ce que nous aurions pu faire de plus ...
10 ans de retard au rendez-vous. Me pardonnerez-vous ?
Voici mon premier texte dans le cadre du projet "Retour de flammes" (écriture autour de listes de mots imposées).
Et à tout seigneur tout honneur, je commence par la liste que Béa / Artemis, ma meilleure amie, m'avait proposé à l'époque. En espérant qu'elle trouvera le résultat à la hauteur ^^
"Et l'aiguille avance, et l'horloge tourne / son cliquetis accompagne, mais jamais ne détourne"
Deux corps enlacés devant les feux de la grande cheminée, quasi endormis après un dernier baiser.
Deux âmes abandonnées, loin de la terreur et des catastrophes qui jonchent les pages du journal, loin de l'extérieur glacial, où les vitres des voitures s'embuent et gèlent.
Lui sombre peu à peu, elle le veille encore, juste quelques instants, avant de le rejoindre. Elle chantonne doucement cette petite comptine, sortie tout droit de son enfance, quand sa mère venait la border, elle, ce qu'elle avait de plus cher. Le parallèle la fait sourire.
Toutes les pièces du puzzle sont en place, là, dans ce moment de calme absolu après les heures flamboyantes.
Tout sonne juste, à l'opposé exact de leur première rencontre, dans ce musée, quand il l'avait trouvée si méprisable dans le manteau de fourrure qui lui sert à conserver ses émotions à l'intérieur- son costume de scène. Et lui, qu'elle avait profondément haï pour sa suffisance, lui qui cache si bien ses doutes...
Elle repense à ces gens qui disent qu'ils ont su tout de suite pour eux, que les signes étaient là. Mais pourquoi vouloir ainsi réécrire l'histoire à tout prix ? Un coup de foudre n'est pas toujours le plus beau. Dans leur cas, seulement deux humains qui ont décidé ensemble de dépasser leurs préjugés, de ne pas rester sur une mauvaise rencontre. Même si l'autre n'avait alors aucune importance, n'en aurait peut-être jamais.
Sans enjeux ni attentes.
"C'est ainsi que la vie se construit", pensa-t-elle encore ...
puis elle s'endormit. En paix.