Le texte dont il est question ci-dessous m'a été proposé dans le cadre du "Concours permanent d'écriture" que je propose sur ce blog, ouvert à tous genres, styles, thèmes d'écriture.
N'hésitez pas à participer vous aussi, si le principe vous intéresse.
"Un ciel immensément gris et uniforme pèse de tout son poids sur la ligne d'horizon. A l'infini... Dense mais fine, la pluie n'a cessé de tomber depuis le matin. Elle s'abat sur les champs dénudés, s'infiltre dans l'herbe flétrie des prairies, crépite sur les tuiles poreuses d'une petite maison basse, perdue, éperdue, comme abandonnée au milieu de l'espace endolori."
Ainsi commence
Souvenir perdu, de Ernest J. Broomse, que j'ai décidé de vous présenter aujourd'hui.
Ce que j'aime particulièrement, quand je lis un texte, qu'il s'agisse d'une nouvelle, d'une poésie, d'une scène de théatre, ou autres genres plus difficiles à définir (la littérature actuelle est merveilleuse, qui pousse à un mélange toujours plus profond des genres et des styles), c'est qu'il ne s'arrête pas à nous raconter une histoire, mais qu'il raconte NOTRE histoire : celle des hommes, de leurs émotions, leurs pensées.
Vous me direz que ce n'est pas toujours possible. Et moi je vous dirai que si l'auteur le veut, il est toujours possible de développer une situation de manière à ce que le lecteur s'interroge : et si c'était moi ? Et que cette identification peut être renforcée par certains traits (caractère, pensées, actes) , plus ou moins proches, du personnage.
Dans le texte dont il est question ici, Ernest J. Brooms pose une situation, un décor, et raconte une histoire, sans jamais oublier qu'il parle avant tout d'humain, au sens universel du terme.
L'écriture est impeccable, les émotions sont bien présentes. Le récit n'est pas le nôtre, mais certains ressentis, comme une angoisse, une terreur, le sentiment d'oppression, sont universels, et c'est là que l'auteur parvient à nous faire vivre plus que lire ce qu'il a décidé de narrer.
Mais ce n'est que la première phase : en effet, après la dernière ligne, on se rend compte que l'auteur a réussi à faire passer un message. Il nous parle en fait de ce genre de souvenirs indélébiles, ou le bon et le mauvais se cotoient, irrémédiablement liés ; des souvenirs que l'on voudraient chasser, balayer, pour leur part de noirceur ; des souvenirs vers lesquels on ne peut s'empêcher de revenir, pourtant, parce qu'ils sont nos racines, ce qui nous a façonné, là où l'on se sent vraiment en paix, malgré la part de noirceur...
Le personnage, dans
Souvenir perdu, est tiraillé entre les deux extrèmes, se souvenir ou oublier.
Et bien sûr la fin ne résoudra rien... mais était-ce son but ?
Cette histoire est de celle dont on se souvient, plus ou moins distinctement selon le lecteur, bien après la dernière ligne. Quelque chose subsiste, ce "
supplément d'âme" que seuls les grands auteurs peuvent insuffler à leurs mots, et qui pousse à la réflexion.
Je vous recommande vraiment de lire ce texte et vous faire votre propre opinion. N'hésitez pas à la partager avec l'auteur (en commentaires de son texte), mais également avec moi en réponse à cet article.