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8 août 2023 2 08 /08 /août /2023 10:57

Texte écrit dans le cadre du défi créatif d'aout 2023.


Du calice à la corolle, de l’étamine aux moindres détails de chaque pétale, et les circonvolutions délicates de l’ensemble, le résultat était visuellement parfait. Les nuances de couleur avaient bien su rendre la beauté fugace et la magie de la rose, qui, sur sa tige couverte d’épine, ne demandait presque qu’à être cueillie.

L’artiste inspectait son œuvre, satisfait, mais sachant qu’il manquait encore quelque chose. Ce petit plus qui, cette fois, lui ferait gagner le concours.

Les autres participants avaient tous fini également, et scrutaient ses gestes, ne sachant s’il fallait espérer qu’il échoue ou qu’il réussisse, partagés entre leurs intérêts et l’exploit que ce serait.
 

L’artiste versa un peu de poudre translucide dans sa main, son propre mélange de plusieurs composés exhausteurs qui, l’espérait-il, lui permettrait cette fois d’être nommé à l’académie.

Il souffla doucement sur la poudre, qui s’envola en direction du tableau, brillant dans l’air sous la lumière du soleil, avant de se poser délicatement sur la toile.

Un instant, elle sembla vibrer, comme si le vent provenant de la fenêtre ouverte de l’atelier, avait agité les pétales de la rose.

C’était le moment de vérité : l’artiste tendit la main vers la toile, qui semblait miroiter légèrement, et, sans brusquer le mouvement, attrapa la rose par la tige et la sortit du tableau.

Intacte.

Il ignora les murmures ébahis. Ce n’était pas son premier essai, ni la première fois qu’il réussissait à tenir une de ses créations en main. Mais chaque fois, le miracle n’avait duré que quelques secondes avant que la fleur ne noircisse et pourrisse en accéléré, tombe en poussière, ou juste s’évanouisse dans les airs.

Mais cette fois, alors qu’il humait le parfum délicat et si reconnaissable de la fleur, les secondes s’écoulaient, et il y eut bientôt une minute de passée et l’épreuve de la réalité semblait réussie.

Il plaça la rose dans le vase, et se recula.
 

Les applaudissements déferlèrent alors, et le Haut Juge approcha pour attester le résultat.

Il observa de longue minute le résultat, avant de décider d’un dernier test.

Il allait maintenant falloir détruire la toile, pour vérifier que la rose ne lui était plus liée.

L’assemblée retint son souffle, pendant que le Haut Juge, d’un murmure, embrasait le tableau désormais vide de son élément principal.

Un bref instant, comme suspendu, une petite flamme sembla danser sur l’un des pétales de la fleur … puis s’estompa, comme soufflée par le vent, tandis que la toile continuait à se consumer.

Le Haut Juge approcha : le pétale était à peine noirci sur le bord, un peu de cendre était tombé sur le rebord du vase et sur la table … mais la rose était toujours en pleine santé.

« Bienvenue à l’académie des arts magiques ! », tonna le Haut Juge, tout sourire, tandis que la liesse envahissait la salle.

L’artiste recueillit discrètement une larme. C’était l’accomplissement d’une vie. Et même s’il ne doutait pas qu’il devrait réussir bien plus grand exploit une fois assis parmi les académiciens, il se permit de savourer sa réussite avec panache. En murmurant, il versa cette larme sur ce qui restait du tableau réduit en cendres … qui soudain fut de nouveau intact, posé sur le chevalet. Et complètement vierge !

Il fit alors la révérence à toute l’assemblée, rangea son matériel, et suivit le Haut Juge vers la tour de l’Académie. Il n’y avait pas plus de temps à perdre en célébrations futiles, un travail important l’attendait.
 

Sauver ce monde où toutes les plantes mouraient peu à peu.

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