Il faut faire aujourd'hui ce que tout le monde fera demain.
Sélections de textes :
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Il faut faire aujourd'hui ce que tout le monde fera demain.
Voici réunies, pour en faciliter l'accès, toutes les citations publiées jusqu'ici sur mon blog, présentées par ordre alphabétique, et par thèmes. J'espère que ces thèmes vous donneront envie de découvrir les mots (d'auteurs connus, moins connus, ou parfois même les miens) choisis pour les illustrer.
Ce texte est écrit dans le cadre du projet "Retour de flammes" (écriture autour de mots imposés)
#003 Fab
désir, élément, océan, souffle, cendres, ailes, métal,
cascade, main, lumière, poussière, pâquerettes, train
On aurait pu aller cueillir des pâquerettes, puis s'allonger au bord de l'océan, toi en train de les effeuiller, moi contemplant la cascade de lumière dans ta chevelure blonde ... nous deux les yeux dans les yeux, nos mains ne se lâchant pas.
Cela aurait suffi à mes désirs, et nous aurions pu le faire n'importe où, mais tu rêvais de quelque chose de spécial, plus loin que nos pieds ou le train auraient pu nous porter. Et nous avons pris l'avion.
Tu as toujours dormi très facilement dans les transports, alors tu as plongé dans les rêves, et je t'y ai rejoint un peu. Sans lâcher ta main.
Maintenant je suis bien réveillé, et tu commences aussi à émerger, encore inconsciente de ce qui se passe réellement. Des moteurs en flamme sur les ailes, du hurlement atroce du métal déchiré, de l'indescriptible panique comme l'avion commence à plonger vers l'océan, comme si mes rêves tendaient à se réaliser, mais dans le désordre ...
Mes pensées cherchent à s'évader de l'instant, mais je les rattrape et revient vers toi. Tu ne comprends pas encore, et tu me regardes, désorientée.
Je t'embrasse, à nous couper le souffle à tous les deux. Comme si notre mort en dépendait.
Je la veux paisible, les yeux fermés, à te ressentir encore un instant. Puisqu'elle est inévitable, puisque nous allons finir ici, pas loin, juste quelques secondes encore avant la fin ... je veux que notre baiser nous accompagne de l'autre coté.
Tu pleures doucement, en me serrant plus fort.
Une intense chaleur nous emporte
Je n'ai rien senti. Il semble que toi non plus. Tu souris paisiblement, délivrée tout comme moi de la peur.
L'avion a explosé avant de toucher l'eau, nous regardons d'en haut la poussière et les cendres se disperser dans les éléments déchaînés.
Tu rêves des pâquerettes, j'ai bien reçu l'image. Je rêve du soleil dans tes cheveux.
Soudain nous sommes sur cette plage. Etonnés et heureux.
Je sens bien que nous y resterons l'éternité...
Dernières nouvelles : Over-Blog m'informe à l'instant que ce blog a 13 ans aujourd'hui ^^
Cet anniversaire est particulier, dans la mesure où je viens justement de relancer les activités il y a quelques jours, après des années d'arrêt, et que donc cet anniversaire n'est pas commémoration mais festivités tournées vers l'avenir ^^
J'ai bien sûr une pensée pour les années écoulées, les textes écrits et partagés ... mais avant tout je pense à ceux qui m'ont accompagné dans ce périple, vous, les lecteurs, pas toujours silencieux (bientôt 4000 commentaires), pas toujours complaisants non plus (il y a eu de belles discussions avec certains ^^ Mais toujours très constructives). Et au milieu de vous tous, ma meilleure amie, Béa / Artemis, rencontrée via ce blog, et qui m'accompagne toujours ^^
Je pense aussi à tous les auteurs croisés en cours de route, beaucoup de belles rencontres ... Il y en aurait trop pour tous les nommer ^^ Je retiendrai tout particulièrement Tilk / Fernando Bronchal, pour la richesse de nos échanges poétiques.
Pour célébrer dignement cet anniversaire, je vous propose, vous qui me lisez, de partager en commentaires votre premier souvenir de ce blog, ou celui qui vous a le plus marqué. Qu'en pensez-vous ?
Au plaisir de vous lire ^^
Ce texte est écrit dans le cadre du projet "Retour de flammes" (écriture autour de mots imposés)
#2 Aga
existence, complications, torrents, orage, accomplir,
clown, psychiatre, camisole, diable, spectacle,
flamboyant, insignifiant, explosif, incisif, définitif
De l'existence, il n'a jamais pu voir que les complications potentielles, comme les torrents qui débordent après un orage particulièrement violent, le spectacle de clowns qui fait peur au point de finir avec une camisole, et le psychiatre qui écrit, écrit, sans jamais rien dire. Le Diable aussi, qui se cacherait dans les détails, du plus insignifiant au plus explosif. Le Diable patient, au rire silencieux.
C'est ainsi qu'il décrivait sa maladie, dans de rares moments de lucidité au milieu de longues logorrhées verbales, dont le sens finissait par se perdre. Mais pour lui, c'était limpide ! Nous faisions juste exprès de ne pas comprendre, nous faisions partie du complot.
Il a laissé la paranoïa dicter le moindre moment de sa vie, lui imposer chaque pas, chaque geste, sans voir ce qu'il pourrait accomplir si un instant il décidait de se battre, d'être l'auteur du spectacle, pas le spectateur, la victime. Sans voir que rien n'est jamais aussi définitif qu'il le prétendait : tant que la roue n'a pas fini de tourner, tout reste possible, il reste de la place pour le rêve, même le plus flamboyant.
Sans voir que ce n'est pas le monde qui cherchait à le blesser, constamment, cruellement, seulement ses mots, trop incisifs, qui retranchaient l'espoir à chaque fois. La peur qui naissait derrière chaque mouvement, chaque idée, la moindre infime variation réelle ou supposée de la réalité, et à laquelle il succombait invariablement.
Il ne pouvait pas voir tout cela, bien sûr ... et nous ne le comprenions pas.
Mais si seulement il nous avait laissé l'aider. Si seulement il ne s'était pas retranché derrière ces murs qu'il aurait du rejeter de toutes ses forces.
Ceux que la maladie avait construit en lui, peu à peu, et qu'il a fini par affirmer être son œuvre, pour le protéger de nous, "les méchants".
Un jour il a disparu.
Cela faisait si longtemps que nous n'avions pas eu des ses nouvelles.
Il est en paix maintenant, délivré de ce cauchemar, c'est ce que je veux croire.
Il a choisi de le fuir.
Je me demanderai toujours ce que nous aurions pu faire de plus ...