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Ce blog et les écrits qu'il contient sont mis à disposition par Michel Bosseaux (l'auteur) selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
 
 

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1 septembre 2023 5 01 /09 /septembre /2023 07:47

Un jour, un mot pour servir de thème, et créer ... qu'il s'agisse de photographie, dessin, peinture, écriture, à votre convenance. C'était l'exercice proposé en aout 2014 par divers sites, et qu'une amie m'a suggéré de remettre au goût du jour en ce mois d'aout 2023.

Retrouvez donc ci-dessous la liste des textes écrits au fil des jours (parfois avec un peu de retard, car l'inspiration ne se commande pas, mais l'essentiel est de participer, non ?)
 

01/08 - Vendredi
02/08 - Bleu
03/08 - Cabane
04/08 - Gribouillis 
05/08 - Soirée
06/08 - Animal
07/08 - Sourire
08/08 - Rose
09/08 - Totem

10/08 - Monument
11/08 - Graffiti
12/08 - Energie
13/08 - Répétition
14/08 - Vert
15/08 - Bulles
16/08 - Matin
17/08 - Sucre
18/08 - Lettre(s)
19/08 - Douceur
20/08 - Yeux
21/08 - Papier
22/08 - Route
23/08 - Couleur
24/08 - Forêt
25/08 - Téléphone

26/08 - Noir
27/08 - Voyage
28/08 - Lignes
29/08 - Fleurs
30/08 - 10 heures
31/08 - Portrait
 
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1 septembre 2023 5 01 /09 /septembre /2023 07:46

Texte écrit dans le cadre du défi créatif d'aout 2023.


Dans sa petite maison, près de Charleroi en Belgique, l’auteur mettait la touche finale à sa série de portraits de mots. Les yeux rivés à l’écran, les doigts courant sur le clavier mécanique en produisant ce son qu’il appréciait tant, même la pluie qui tombait à verses à l’extérieur et tentant de s’infiltrer par tous les interstices n’auraient pu le détourner de ces quelques lignes qui le séparaient de la fin du défi qu’on lui avait lancé.

Il devait dépeindre une scène, des personnages, une ambiance, peu importe, chaque jour de ce mois d’aout, au rythme d’un mot imposé pour chaque jour.

Aujourd’hui, c’était ce mot parfait pour conclure la série, et la décrire toute entière : portrait. Car en effet, chaque jour, il avait fait le portrait d’une histoire, d’un lieu, d’un genre… Et quoi de mieux pour terminer que de tourner son regard virtuel vers lui-même, comme un clin d’œil à ses lecteurs éventuels ?

Evidemment, il fallait que cela reste intéressant, et l’auteur se demandait, en avançant dans son travail, comment s’extraire de la simple contemplation de son nombril, et trouver la source de lumière qui révèlerait le sujet de ce texte.

Il soupira. Rien ne venait. L’inspiration était capricieuse, comme toujours. Mais il avait appris à faire sans.

Il égrenait dans son esprit ses souvenirs de chacun des portraits de cette galerie presque achevée, de l’employée au bord du burn-out à un complot terroriste contre un pouvoir oppresseur,  de la peinture magique d’une simple fleur afin de lui donner vie, au dialogue entre un père et son fils à propos d’une guerre qui n’avait pas (encore ?) eu lieu. Il avait tenté de nombreux genres différents, pour ne pas (se) lasser, pour tenter de libérer sa plume du sommeil qui l’avait emprisonnée depuis tellement d’années, depuis qu’il avait choisi de la combattre.

Car écrire n’était pas sans conséquences. Chercher (et parfois trouver) la vérité de ce que l’on veut raconter implique de plonger profond en soi, non seulement pour y trouver des connaissances, mais également des souvenirs, des émotions, de vrais fragments d’âme encore bien vivaces, afin de donner vie à des mots qui ne seraient rien d’autre qu’une longue litanie autrement. Et cela ne laisse pas indemne … Les fragments d’âme vous savez, il y en a qui brûlent un peu dans le processus.

Juste un peu, vous direz-vous, ce n’est pas bien grave.

En vérité, selon desquels il s’agit, cela peut être une torture.

Et dans certains cas, une fois le processus alchimique achevé, il peut arriver qu’entre la réalité et le monstre de Frankenstein ainsi animé, il soit étrangement presque possible de basculer. Pas de fil d’Ariane pour retrouver son chemin vers soi, pas de lumière au bout du tunnel pour savoir de quel côté est la surface…

Jusqu’aux larmes, à l’étouffement … jusqu’à avoir très envie d’un verre.

Mais cela, l’auteur avait réussi à y échapper. Au prix malheureusement d’autres fragments d’âme. Car écrire est aussi bien la maladie que la cure, le « choix du diable » en quelque sorte. Entre deux maux, il faut choisir le moindre dit-on. Il avait cru que ne plus écrire ne pouvait pas être pire que la lutte permanente pour rester lui-même sans se noyer dans l’alcool.

Il avait découvert, au fil des années, que derrière cette porte qu’il avait fermée, des fragments s’étaient éteints, et un grand vide avait rempli l’espace. Insupportable.

Depuis trop longtemps il n’était plus lui-même.

 

Alors ce n’est pas une rose qu’il avait cherché à faire émerger d’un tableau, tout au long de ce défi. Mais cette version de lui-même complète qu’il avait abandonné sans se retourner. Pourvu qu’elle existe encore.

Pourvu qu’il ne retombe pas dans le sommeil à l’issue de cet ultime portrait.

 

Voilà. Les derniers mots défilent sur l’écran, un à un.

L’auteur a peur, maintenant. Que va-t-il donc advenir de lui ?

Mais bien sûr, c’est une autre histoire.

 

Et avec un peu de chance (et beaucoup de temps) …

Je vous la raconterai aussi.

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 11:53

Texte écrit dans le cadre du défi créatif d'aout 2023.


Je scrute la foule, à la recherche d’une de tes éternelles robes rouge et du foulard assorti. De ta démarche assurée, de ton sourire qui efface le monde autour. J’ai le cœur serré, mais je garde confiance.
Il est 10 heures et tu vas bientôt apparaître sur ce quai, avec ta valise, et me dire que ce sera nous deux jusqu’à la fin des temps. Je t’ai donné rendez-vous pour commencer notre futur sans attendre plus longtemps, sans accepter que les règles des autres ne brisent nos élans. Et tu vas venir, j’en suis sûr. 


Les secondes passent, les corps se succèdent, et ce n’est toujours pas toi.


10h01, 10h02, le temps passe, mon cœur bat la cadence. Je respire mal. 


10h05. Je pensais que, comme à ton habitude, tu serais bien en avance, que tu me surprendrais à mon arrivée en étant déjà là à m’attendre. Mais ça ne veut rien dire, il y a tellement de gens dans cette gare. Puis ton métro a pu avoir du retard.


10h10. La foule qui se pressait en direction du quai a quasi disparu. Chacun a trouvé sa place dans le train, qui part dans 5 minutes. Il ne reste plus que deux ou trois personnes en retard, qui courent pour arriver. Le hall est plutôt calme. Je ne te vois nulle part.


Je tente de te joindre, et je tombe directement sur ta messagerie. Tu n’éteins pourtant jamais ton téléphone, et tu veilles à bien recharger chaque fois que tu dois aller quelque part. Mais un oubli est toujours possible.
Je vérifie mes messages, pensant que peut-être j’aurais pu manquer une notification, mais non, tu n’as pas cherché à me contacter.

Le contrôleur me demande si je monte ou non dans le train. Je lui réponds que oui, et jette un dernier coup d’œil. Il n’y a plus personne en vue désormais. J’ai le cœur si lourd …
Je me retourne et monte dans le train.

Je range ma valise dans le compartiment au-dessus des sièges, et m’installe à la place indiquée sur mon billet. Je suis du bon coté pour continuer à regarder le quai, mais bien sûr il n’y a personne, et les portes du train viennent de se fermer. On va bientôt démarrer.
Je tente encore de te joindre, sans succès, et me perds dans mes pensées. Je n’aurai jamais de tes nouvelles, mais je ne le sais pas encore.

Je m’attends à rester seul pendant tout le trajet, vu que tu avais normalement le siège à côté du mien.


Je sursaute quand une voix timide me demande si elle peut changer de siège. Une histoire de bébé difficile à calmer dans la voiture suivante. Je fais signe que oui, sans prêter plus attention.

 



« Mais 5 minutes plus tard, tu m’as demandé l’heure.


Voilà ce dont je me souviens de ce jour, il y a 33 ans maintenant, où nous avons entamé la conversation dans ce train. Tu descendais au même arrêt que le mien. Nous ne nous sommes plus quittés depuis.


Un mois après nous emménagions dans notre premier appartement. Trois mois plus tard c’est toi qui me demandais en mariage, me battant de justesse (j’avais commencé à te chercher une bague).
Quelques semaines encore et nous découvrions que tu étais enceinte.

 

Aujourd’hui, devant nos 5 enfants et 6 petits enfants ici réunis, ce que je voudrais dire c’est que dans la vie, il y a tellement de gens qui font des plans, et puis les regardent tomber en poussière … tellement de gens aussi qui ont toutes les chances et puis n’en font rien, ignorant que c’est plus rare qu’ils ne semblent le croire.
 

Il y a des rendez-vous manqués aussi, innombrables. 
Mais certains sont les plus grandes chances que vous pourrez jamais avoir.
Comme ce siège libre, ce jour-là, qui devait absolument être le tien.

 

Merci d’être venue, ce matin-là, y prendre ta place à mes côtés, mon amour. Et merci pour chaque seconde depuis, main dans la main. »

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 08:30

Texte écrit dans le cadre du défi créatif d'aout 2023.


Tu détestes que l’on t’offre des fleurs. Tu as toujours eu ce geste en horreur.  

Parce que cela te rappelle que tu n’es pas comme les hommes, que l’on félicite d’une tape dans le dos, d’une accolade ou d’une poignée de main bien “virile”. Non tu es une petite chose délicate, une femme. Et à leurs yeux, sans fleurs, il manque toujours quelque chose à la photo sur le podium. 

Parce qu’aussi, quand un homme offre des fleurs, c’est souvent qu’il a une idée en tête. Ou alors il en a eu une avec une autre, il est peut-être même passé de l’idée à la pratique, et là il se sent coupable. Ou simplement il a quelque chose à se faire pardonner, il ne sait pas comment revenir après une dispute, et plutôt que d’en appeler à ton intelligence, il essaye de t’enfumer avec le parfum délicat de quelques roses. 

Tu préfères nettement les fleurs qui poussent librement dans les champs. Ce n’est pas le genre que l’on couperait comme cadeau pour quelqu’un qui n’a rien demandé. Pourtant, tu trouves que ce sont les plus belles. 

Tu chéris leur liberté et tu aimerais surtout que l’on n’empiète pas sur la tienne, sous prétexte que l’on te fait cadeau d’un bouquet, ou d’une boîte de chocolat, ou d’un bijou … 

Ou d’une bague en diamant ! 

 

Ce soir il a osé, genou à terre, devant tout le monde au restaurant.  

Et tu as fondu en larmes évidemment, parce que tu ne peux pas t’empêcher de ressentir. 

Mais en même temps, tu ne t’es pas sentie libre. 

Et puis il a cru, même s’il te connait par cœur, que pour l’occasion, il pouvait aussi ajouter un bouquet de roses à la bague.  

 

Et toi tu as pêté les plombs, hurlé, jeté le bouquet à terre, enlevé la bague, et tu es partie comme une furie, sans regarder où tu allais. 

Là tu es sous la pluie, sur le trottoir de cette avenue. Tu n’as pas fait 100 mètres avant de t’arrêter, et de mêler tes larmes aux éléments. 

 

Il ne te pardonnera jamais, tu le sais. 

 

Pourquoi tu n’as pas pu, une seule fois dans ta vie, accepter ces foutues fleurs sans rien dire, afficher un sourire comblé et le laisser être heureux ? Il n’a pas assez galéré pour t’approcher, te séduire ? Il ne méritait vraiment pas mieux que ça, après avoir survécu à trois ans de ton parcours du combattant, quasi sans fautes ? 

 

Et puis soudain il est là, sous la pluie avec toi. Il t’a rattrapée.  

Tu te jettes dans ses bras, certaine que cette étreinte-là pourrait durer longtemps. Peut-être même bien toute la vie, qui sait. S’il voulait bien demander une deuxième fois. Tu accepterais même les fleurs, promis, s’il voulait bien ne plus jamais te lâcher. 

Tu trembles et tu t’étouffes avec tes larmes. Il t’attire sur le porche de l’immeuble le plus proche et, patient, attends que tu t’apaises.  

 

Il te connait par cœur, de tes colères à tes douleurs. 

 

Et puis tu l’entends murmurer, dans ton oreille, tout doucement. 

“je ne savais pas que tu n’aimais pas non plus les diamants.” 

 

Il te sourit, taquin. Tu éclates de rire. Puis exiges qu’il te rende TA bague. Mais elle était déjà dans sa main. 

Et là elle est sur la tienne. 

 

Tu penses bien à t’excuser, mais bien sûr il le devine dans ton regard, et t’embrasse.  

Mais tu ne penses pas que ce soit seulement pour te faire taire. 

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 07:34

Texte écrit dans le cadre du défi créatif d'aout 2023.


Tout petit déjà, on nous fait colorier entre les lignes sur le cahier,  

Bien proprement, sans déborder. 

Tracer des lignes, droites, courbes, sur du papier. 

Le plus court chemin du point A au point B. 

En rang par deux, bien alignés ! 

Bien écrire sur la ligne, s’appliquer. 

Recopier des lignes 100 fois pour ne pas oublier. 

 

On nous apprend plus tard à ne pas trop en mettre, épurer. 

Mais il y en a partout, impossible à ignorer. 

 

On apprend à conduire en suivant les lignes, ne pas dépasser. 

On apprend à aimer les belles lignes, racées. 

Etudes, travail, logement, amour, famille, chemin tout tracé 

Il faut suivre la ligne, le code, les règles de la société. 

 

Puis un jour, quelqu’un nous reproche de ne pas savoir s’en écarter, tracer 

Sa propre route, imaginer 

Mais peut-être aurait-il fallu ajouter 

Une ou deux lignes au programme à étudier ? 

 

Et puis la vie va simplement continuer 

Comme une ligne lancée vers demain, jamais achevée 

Toujours quelque chose à ajouter, des problèmes à surmonter 

Tellement peu d’occasions de dévier... 

 

… Jusqu’à ce jour, où quelques lignes sur un tracé 

Ou des résultats d’analyses viendront éclairer 

Le bout de la ligne. 

 

Brisée vers l’éternité. 

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