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Ce blog et les écrits qu'il contient sont mis à disposition par Michel Bosseaux (l'auteur) selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
 
 

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31 janvier 2007 3 31 /01 /janvier /2007 17:32
silence / cri / oiseau / rocs / blonde / noeud
bleu / bouche / étonnée / universel / chocolat / déchirer


La nuit était tombée sur leurs cris, langage universel.

Il aimait les blondes, elle les beaux mecs taillés comme des rocs. Celui-ci l'avait quand même étonnée par son... "énergie", et là, dans le silence à bout de souffle qui succédait à la passion, elle se demandait encore par quel miracle il avait pu faire disparaître, même si ça ne devait pas durer, les noeuds qu'elle avait dans la tête.

Elle ouvrit la bouche... puis se ravisa : ce qu'elle pouvait être bête, parfois ! Demande-t-on à un oiseau comment il vole ? L'important, toute la beauté de la chose, est qu'elle soit. Le "comment" ne compte pas...
Et puis, à la façon qu'il avait de la regarder, il devait se poser le même genre de questions à son propos.

Elle sourit.

Elle se rapprocha un peu, l'embrassa, et décida que cela méritait bien de nouvelles "expériences".

Elle se souleva au dessus de lui, se régala à nouveau en admirant sa peau chocolat, dont elle ne se lassait pas... puis replongea dans la chaleur.


Ensemble, cette nuit-là, ils achevèrent de déchirer leur solitude.


Longtemps après, derrière la baie vitrée, la mer complice offrit ses plus belles teintes bleu-vert pour le repos de leurs regards...
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23 janvier 2007 2 23 /01 /janvier /2007 09:43
Sur une liste de mots proposée par Derdre (que je remercie vivement), mots extraits de son texte "Courage, aimons", petite variation sans prétentions...
J'espère avoir été à la hauteur du défi...

alpha, sculptural, kaléidoscope, otage, carotide, saillant, insatiable,
néréide, seconde, manche, vibration, enveloppe, soie



Quand elle était entrée dans la banque, avec cette démarche volontaire et tellement gracieuse, il n'avait pu s'empêcher de la regarder. Son corps sculptural avait réussi le miracle de lui faire, un instant, oublier la seule passion de sa vie, son travail, et notamment la beauté qui l'attendait en ce moment même sur les derniers clichés du téléscope Hubble : Néréide, satellite naturel de Neptune, indéniablement fascinant.
Il l'avait fixée, donc, sans même s'apercevoir qu'elle l'avait remarqué. Et s'il avait l'habitude que les femmes lui fassent reproche de cette façon de les déshabiller du regard, celle-ci avait eu une façon toute particulière de lui faire regretter, en l'espace d'une seconde...

Là, le couteau sur la gorge, il avait très peur pour sa carotide. Les complices de la femme venaient de finir de charger les sacs dans la fourgonnette, et la police étant arrivée dans l'intervalle, lui... il était un des otages.
Il sentait les vibrations de sa nervosité dans tout son corps. Impossible de cesser de trembler, depuis qu'une idée saillante s'était imposée à lui : il allait mourir, là, son insatiable curiosité allait s'éteindre, comme elle assurerait juste un peu mieux sa prise sur le manche du couteau, son âme allait se détacher de son enveloppe charnelle, dans un glissement comme la soie sur la peau... stop, il fallait qu'il arrête de penser ! Il était plus proche de l'alpha que de l'oméga (*), bon sang ! Il fallait qu'il se ressaisisse, et qu'il trouve une solution !

Il recommença aors ce qu'il appelait "le jeu du kaléidoscope", quand, détaché entièrement du monde extérieur, il laissait simplement la lumière entrer par ses yeux sans chercher à la comprendre, et faire naître des images dans sa tête.



Et ce fut bien de ses pensées profondes que vinrent le dénouement. Plongé dans un état quasi "végétatif", il s'effondra littéralement sur le trottoir alors que la femme l'entrainaît vers la fourgonnette. Elle ne réagit pas assez vite, et fut abattue par la police, ainsi que ses deux complices, qui avaient eu le tort de laisser trop d'écarts entre eux et les autres otages.

Mais tout ça, il fallut qu'on le lui raconte, car bien sûr, tout entier retiré en lui-même, il n'avait rien vu, rien entendu...
Il lui fallut deux jours pour émerger de ce coma dans lequel il avait choisi de se retirer...

Il se jura qu'à l'avenir, il ne fixerait plus jamais, avec insistance ou non, la moindre femme.

Mais bien sûr il ne pût pas s'en empêcher...



(*) L'alpha et l'oméga : le commencement et la fin (expression)
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21 janvier 2007 7 21 /01 /janvier /2007 14:42
Sur une autre liste de Natseyomi, un résultat "étrange". Attachez vos ceintures...

périphérique - papauté - paniquer - permutation - pointage - potentiel -
préjudice - pester - pyromane - prorata - prisme - péristyle - panier



Le prisme dans son panier protecteur, il fonce dans le péristyle du temple, comme un pyromane fuyant devant l'incendie qu'il aurait lui même allumé. Beaucoup, à sa place, paniqueraient d'avoir une dizaine d'hommes armés derrière eux, bien décidés à faire un carton. Mais il sait qu'il a le potentiel d'en sortir vivant, et puis il le doit, le préjudice pour l'humanité entière serait trop grand si le prisme venait à lui échapper.
Il entend ses poursuivants pester comme il prend peu à peu de la distance. En plus, ils visent comme leurs pieds !

Bientôt, le voilà en vue du pointage de sécurité. Le garde l'aperçoit, le met en joue... et puis la Porsche défonce la grille de protection et l'écrase. Angelina, pile à l'heure.

Il sait que c'était prévu ainsi, mais ignore comment il a pu le savoir. A vrai dire, il ignore complètement comment il a pu arriver là.

Il sent l'énergie du prisme se propager peu à peu au travers du panier, dans son bras, puis tout ses muscles. Une voix dans sa tête lui susurre que l'objet une fois libéré de la cage où il était maintenu, son pouvoir se renforce "prorata temporis" (*). Bientôt, il pourra en faire usage, et mettre définitivement Borel hors jeu, et avec lui ses ambitions mégalomaniaques.

Il ne comprend pas ce qu'est le pouvoir, mais quel besoin de comprendre pour croire ? Quelque chose en lui tente de répondre. "Permutations", entend-il... Il croit reconnaître en ce mot de grandes théories mathématiques auxquelles il n'a jamais rien compris, alors il renonce, préférant la certitude rassurante de cette chaleur qui s'immisce en lui peu à peu, et qui a commencé à lui parler. Il sent plus qu'il ne sait ce qu'il lui faudra accomplir le moment venu, et comment. C'est bien assez pour l'instant.

Il saute dans la Porsche, qui redémarre en trombe.

Bientôt les voilà sur le périphérique, en direction du boulevard de la Papauté...



"Prière d'attacher vos ceintures, nous allons bientôt atterrir"

Papauté, prière... ceintures, périphérique...

Ces paroles de l'hôtesse s'entremêlent à son rêve, et finalement c'est l'insistance de son épouse qui le tire de son sommeil.

"J'ai fait un rêve vraiment étrange, chérie..." dit-il, en baillant et s'étirant

"Le contraire m'aurait étonné", répond Angelina, en lui faisant son plus beau sourire. Elle a toujours adoré qu'il lui raconte ses rêves, ces "histoires pour rester éveillés" comme elle les appelle.

Il sourit à son tour, et s'apprête à commencer son récit...

... mais soudain ses yeux se posent sur son sac de voyage, entrouvert. Avec à l'intérieur le petit panier en osier. Et le prisme, que désormais il sent sans besoin de contact.

Après tout, c'est lui qui l'a libéré, non ?



Une pensée plus loin, les revoilà dans la Porsche. Le pouvoir du prisme est maintenant complètement réveillé. C'est lui qui conduit, Angelina ne se souvient pas encore de tout, mais n'a déjà plus cet air stupéfait des premières secondes. Elle regarde le panier avec insistance... elle le sent aussi.

Le prisme les a libérés autant qu'ils l'ont libérés. Maintenant, il réclame d'être utilisé.



Au même instant, à 3000 kms de là, un avion explose en vol. Attentat terroriste.




A quelques kilomètres des fuyards, Stéphane Borel a soudain chaud... très chaud... et tellement mal dans la tête...
 
Quelque chose explose dans son cerveau, et il meurt sans un bruit. Ses gardes du corps mettront trois heures avant de se risquer à pousser la porte, et découvrir le corps.

Au volant de la voiture, Angelina à nouveau. Son mari dort, épuisé par l'effort. Le prisme irradie toujours, mais ce n'est plus la même énergie. Il semble comme apaisé.



Angelina et son mari sirotent un cocktail, à l'ombre d'un parasol. Leurs vacances sont idylliques, telles qu'ils les avaient rêvées. Passés les premiers moments "étrange", où on leur affirmait qu'il était impossible qu'ils soient là vivants, vu que leur avion avait explosé avant l'atterrissage, personne ne les avait dérangés.

Ils en avait bien ri, après coup.

Inconscient qu'il ne s'agissait en rien d'une erreur, mais ayant tout oublié.



A 3000 kilomètres de là, un panier contenant un prisme dort dans le coffre d'une Porsche, dans un parking souterrain.

"La mission a été remplie comme prévue" se dit Le Gardien en apercevant la voiture.

Il se dirige vers elle avec assurance, prend le volant et démarre.


Fin ?

non...
ce n'est que le début...


(*) Prorata temporis : en fonction du temps écoulé
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10 janvier 2007 3 10 /01 /janvier /2007 00:26
ouverture - fête - un sans-papiers - tatouage - iris -
battre ou se battre - un verre de lait - transmettre - soir - ressemblant - s'amuser - tardivement.




La photo avait été prise le soir même, à l'ouverture de la fête organisée par une association de soutien locale. On la lui avait transmise un peu trop tardivement, mais il savait que, même s'ils avaient réagi plus vite, cela n'aurait rien changé et qu'il leur aurait échappé, une fois encore. Et puis il ne pourrait pas les blâmer. Rien ne ressemble plus à un sans-papiers qu'un autre, dans la masse : le même regard de bête traquée, piétinée, mais un regard de défi aussi, ce défi qu'ils lancent à tous les autres, les chanceux, d'essayer de leur prendre le peu qu'il leur reste - leur dignité, leur âme.

Tout d'abord il avait hésité devant le cliché, pas très ressemblant. Et puis le récit de la soirée l'avait fait douter encore plus : se battre pour un verre de lait, ce n'était pas le meilleur moyen de passer inaperçu. Bien sûr il n'avait pas le choix, il lui fallait absolument en boire, il était programmé génétiquement pour ne pas survivre sans. Et le lait étant devenu extrêmement rare, il n'y avait vraiment que peu d'occasions où l'on pouvait espérer en trouver...

A se demander comment ici, dans ces circonstances...

Mais les questions de cet ordre attendraient. Pour l'heure, il était plus important de comprendre pourquoi un soldat parfaitement entraîné à rester dans l'ombre, même dans les cas de vie ou de mort, s'amusait soudain à les narguer ainsi.

Décidément, quelque chose lui échappait. Jamais sa cible ne se serait comportée ainsi... Pourtant, il lui fallait bien se rendre à l'évidence : ce tatouage sur le bras gauche n'avait été fait qu'en 12 exemplaires, et les 11 autres, traqués comme lui, étaient morts. Aucun doute là-dessus, il avait personnellement ramené leurs cadavres à la division, et une identification oculaire, dans leur cas surtout basée sur leurs iris si particuliers, n'avait pas laissé le moindre doute : un code barre tatoué sur l'iris, à l'encre magnétique, indécelable à l'oeil nu, et indélébile, ce n'était quand même pas si fréquent.

---

Le colonel Travis scrutait la nuit, du toit de l'immeuble où avait eu lieu cette fête. Il ressentait en même temps l'exaltation de la traque, la frustration d'avoir été encore une fois si proche, et si loin en même temps... mais aussi un grand calme.

Un jour plus si lointain, il aurait le n°7 en face de lui.

Alors, tous deux pareillement prisonniers de leur nature profonde, l'un la proie et l'autre le chasseur, verraient leur destin s'accomplir, inéluctablement, et savoureraient sans nul doute ce moment mythique où ils pourraient cesser de courir.

Dans le regard de l'autre, de part et d'autre de la mort, l'un victime et l'autre bourreau, ils seraient enfin rendus à eux-même.

Libres.

---


Travis ne sentit pas plus la balle l'atteindre qu'il n'avait entendu le coup de feu. Tout à sa méditation, il avait raté le moment.

La roue tourne, les destins se brouillent et se mélangent...
Il y eut bien, comme prévu, une victime et un bourreau...
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8 janvier 2007 1 08 /01 /janvier /2007 14:28
Sur une autre liste de mots, une tentative... Pas si simple, cette fois. Le résultat me laisse perplexe.

blonde - tasse de thé - marcher - gongorisme - météore -
maquignon - déliter - orque - syncope - niveler / nivellement - miellée


Il s'allume une gauloise blonde, se ravise, éteint la cigarette et se verse une tasse de thé. Cela fait une bonne heure maintenant qu'il marche ainsi, tournant en rond autour du bureau, s'énervant progressivement, au bord de la syncope à cause des mots qui ne viennent pas.

Ca a pourtant toujours été si simple, écrire ! Que se passe-t-il donc pour que subitement, ainsi... ?

Il était occupé à écrire un texte de commande quand le blocage est arrivé, comme cela, sans prévenir. Il y était question de la course folle d'un météore, de roches délitées, de miellée et d'orques... rien dont une plume versée dans le gongorisme (*) depuis des années ne peut venir à bout sans même y penser.
Seulement voilà, il y pense, il y pense... et rien ne vient ! Le flot est tari, aucune image ne lui vient, et il est là, une tasse de thé bien serrée dans ses deux mains tremblantes, à ne plus savoir que faire, pour la première fois de son existence, devant ce nivellement par le bas incompréhensible de son inspiration.

En parfait maquignon des mots, il a bien sûr de nombreux tours dans son sac. D'autres textes en cours, d'autres mots plus aimables que ceux-là qui le bloquent, pourraient sûrement lui offrir le salut, réamorcer le mouvement. Il l'a tenté, ce contournement... Le problème a persisté.

Lui qui jusqu'ici ne s'est jamais remis en question, réalise soudain qu'écrire n'était plus un plaisir, même plus une habitude, juste une sale manie, ces derniers temps. Comme une "pose", une façon de se donner une contenance, d'être. Bien loin, ses rêves de devenir romancier, d'inventer un nouveau genre, tranchant comme l'acier. Les manuscrits, tous refusés, il n'a pas eu le courage de les retravailler, ou de les proposer ailleurs. Ils dorment au fond de tiroirs ou de malles... Et lui, il s'est donné corps et âme à tout ce qu'il détestait, un genre totalement ringard, mais qui paye... une préciosité, une recherche effrénée de "beauté" au détriment du fond... des phrases ridicules à force d'être "gonflées" d'images en tout genre.

Dopeur de mots, voilà ce qu'il était devenu.

Mais aujourd'hui, c'est fini tout ça ! Tout athlète dopé finit par le payer de sa santé. Sa plume est morte, bien morte...

Il repense à son dernier manuscrit, le plus cher à son coeur... rangé comme les autres au fond d'un tiroir. Celui-là, il aurait pu l'améliorer pourtant, il avait les idées. Rien que d'y penser d'ailleurs, tout lui revient...

tout ?

mais oui !

Il se précipite sur le tiroir, sort le manuscrit, relit la première phrase, puis la suivante... et soudain, l'extase : les idées sont là.

L'écriture revient, frénétique.



Etre soi, voilà le seul remède à tous les blocages...

(*)
Le cultisme ou cultéranisme ou gongorisme (stilo culto ou culteranismo en espagnol) est l'un des styles littéraires de la littérature baroque espagnole dont le poète castillan Luis de Góngora est emblématique. Il se caractérise par une profusion ornementale de métaphores et s'oppose au conceptisme. (Wikipedia)
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