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11 septembre 2006 1 11 /09 /septembre /2006 07:20
Attention, ce texte est dur. Ecrit il y a un peu moins de deux ans (même époque que "La piscine", publié également sur ce blog), il m'a beaucoup aidé à prendre conscience de ce qui me bloquait. Parfois, il suffit d'une mauvaise façon de dire les choses à un enfant, pour que les problèmes suivent toute la vie...



Je suis l’erreur d’un instant, l’accident dans le parcours bien tracé / calculé / planifié. Je suis le grain de sable dans la mécanique ronronnante de vos projets de fin de vie ; le 4ème de la série de 3. Aimé mais non voulu, accepté mais non désiré … aimé pas juste parce que ça se fait, mais … Vous êtes-vous entendu, votre façon de raconter ?

Je suis juste un dérangement, ne vous en faites pas, je ne fais que passer !

Evidemment, vous ne supportez pas cette ironie glacée dans ma bouche. Il faudrait que je me veuille plus que ce dont vous avez été capable, m’attendant …

Comment on fait ?


Je suis ce que je suis parce que vous m’avez raconté cette histoire, pas autrement qu’ainsi … et parce que la vie s’est chargée de me la faire ressentir, aussi, cette vérité … … Le père plus dur encore qu’avec mes aînés, la mère plus fatiguée … puis le départ de mes frères et sœurs vers … leurs vies respectives … la solitude …

Je suis le dernier, et ça se sent.

Je suis votre fils, et je ne peux pas prétendre n’avoir pas eu la même part, même peut-être plus que les autres. Mais ça ne gomme pas cette sensation d’être un poids, juste ça …

32 ans après, j’ai toujours peur de déranger, et je sais que pour beaucoup je vous le dois.

Je suis un homme il paraît, mais il aurait fallu que je commence par être un enfant bien dans sa peau, et ça n’a pas marché. La suite est restée bancale. Pas votre faute, je sais, vous m’avez donné tout ce que vous avez pu, d’amour, de présence, d’énergie … vous continuez, d’ailleurs. C’est moi qui m’esquive, chaque fois, qui limite les rencontres, leur durée, à l’absolue nécessité …

C’est moi aussi qui ai choisi de vous peindre une vie autre que celle que je mène, pour peut-être mériter que vous m’aimiez un peu « pour de vrai ».

Mais bien sûr je me fourvoie, je sais …
C’est déjà « pour de vrai », et c’est moi qui gâche tout.

Mais si vous m’avez bien appris la valeur de vivre, êtes-vous sûrs de ma valeur ? Toi, papa, qui m’a tellement clairement fait comprendre que mes aspirations adolescentes ne mèneraient nulle part … j’ai fait de bonnes études et j’ai un peu travaillé, mais aujourd’hui, qu’en reste-t-il ? La route n’était pas la mienne, juste un « pourquoi pas » qui avait le mérite de ne pas être un conflit permanent avec toi … quelque chose que je savais faire, et faire bien, d’ailleurs je continue pour le plaisir … mais l’essentiel est ailleurs. Ce plaisir-là, l’informatique, n’est qu’un outil pour le vrai moi.

Toi, maman … à l’heure où j’ai voulu faire mon premier choix d’homme libre, te souviens-tu de ton chantage ? Cet échec-là était peut-être inévitable, mais tu ne m’as pas laissé le choix de la façon d’échouer. J’avais autre chose à vivre, j’avais à assumer ma route, mais il fallait que je te détruise pour ça. Je n’ai pas pu. Aujourd’hui si c’était à refaire je ne reviendrais pas. La suite aurait été très différente …

Bien sûr après c’est moi qui me suis laissé aller … c’est moi qui n’ai pas eu la force de transformer mes douleurs en rage, de me libérer et tracer MA vie … encore j’ai renoncé, et tenté de rentrer dans le rang.
En vain.


Aujourd’hui j’en suis là, avec des sentiments terriblement contradictoires.
Je vous aime, mais.
Je ne vous hais pas. Mais.
Je ne me plie plus à quelque idée que ce soit, mais n’ai toujours pas le courage des miennes.

Tant de ratures sont venues s’ajouter, au fil du temps, sur cet assemblage fragile … tant d’incidents anodins, à la lumière du reste, ont pris une couleur noir intense …

Aujourd’hui, je suis seul maître de la suite, mais – paradoxe ? – j’ai encore besoin de vous pour mettre le moteur en marche. Pour le premier pas, dans ma direction.

Mais quelques tentatives me prouvent que vous ne serez pas au rendez-vous, cette fois non plus. Tant pis.


Peut-être suis-je l’échec de votre vie.

Sûrement vous êtes celui de la mienne
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commentaires

L
ton texte interpelle au plus profond de nous on se demande si on n'a pas nous aussi manqué" quelque chose qu'on n'a pas su dire au moment ou il fallait les mots faire le bon geste.j'espère seulement que nous n'ayons pas fait vivre à quelqu'un ce que tu as vécu et que ta capacité à rebondir t'a permis de tr ouver ile bonheur  dans ta vie toutesmesamités e bravo pir ton talent  d'écriture né dans la souffrance
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S
Il est des prises de conscience qui nous permettent d'avancer et de comprendre, ou plutôt de se comprendre, chose qu'il te fût peut être difficile à faire il y quelques années encore, mais ce genre d'introspection révèle courage et maturité, tu es maintenant prêt à regarder les choses autrement, les regarder aujourd'hui par toi-même...<br /> Amitiés.
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M
<br /> <br /> Merci pour ta lecture<br /> <br /> <br /> Ce n'est pas plus facile pour autant, mais oui, le savoir aide à faire les bons choix...<br /> <br /> <br /> <br />
P
Encore moi Michel,Depuis que je navigue sur ton site, je fonds littéralement. Ce texte de tes tripes est si juste et m'atteint. J'ai mis un temps fou à reconnaître la fausseté dans laquelle je fus "éduquée". Toi, tu le sais déjà, tu as pisté l'hypocrisie. Tu n'es pas dans ce qu'on appelle le déni, tu reconnais et tu n'as pas à pardonner. Le pardon, c'est d'eux qu'il doit venir, mais ils ne savent pas, ils pensent qu'ils ont bien fait... leur devoir. Maintenant le plus dur est de faire ce deuil-là. Le deuil de cet enfant qui n'a pas été respecté et aimé. Je comprends mieux ton désespoir.Martine
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F
aimé... si. Mais mal. Je ne parviendrai jamais à me dire que c'était autre chose que du devoir comme tu dis. Et là maintenant malgré qu'ils sont là, qu'ils veulent tout le temps me voir, est-ce autre chose que du devoir et le sentiment de leur solitude ? Il y a un vide qui ne se comblera pas je pense.merci de ce commentaire...
S
Bonjour Michel, et me revoilà sur ton blog :-) Plongée dans ta colère. Je comprends. Enfant, on enregistre les mots, les gestes, les non-dits, et on grandit avec cela. Plus ou moins bien, plus ou moins longtemps. Des méchantes réflexions, des attitudes maladroites, du chantage affectif, j'ai eu ! Mais un jour, j'ai compris que j'étais devenue forte, que je pouvais vivre en étant moi, que ça plaise ou non. IL y a eu des claquements de porte, des éclats de voix, des explications interminables, mais on y est arrivé. Ce ne sera jamais parfait, mais je fais ce que je veux, comme je veux. Et j'essaie avec mes enfants, de ne pas refaire les mêmes erreurs...
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C
Ce témoignage est bouleversant par sa sincérité,et il faut bien du courage pour écrire de tels mots. On est toujours face à ses parents dans le devoir d'amour ?de respect , il est très difficile dans ce genre de situtation ?où l'on a eu l'esentiel (mais pas l'unique )d'émettre des reproches ,de dire sa vérité ,et pourtant  ! il ne suffit pas d'être aimé, il faut bien sûr avoir été désiré .  Avoir été  un poids,  une charge  ,entrave son  propre devenir pour longtemps, on ne cesse jamais de manquer de l'amour inconditionnel de ses parents, mais on fait avec, avec plus ou moins de bonheur, selon les jours, ton texte m'interpelle beaucoup.
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F
Merci de ta lecture, ce commentaire me touche énormément...