18 août 2006
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J'ai beaucoup écrit, quand j'étais plus jeune. De mon adolescence à la vraie prise de conscience de ce qu'adulte voulait dire, un flot quasi ininterrompu. Puis, du jour au lendemain, plus rien. Juste comme ça, comme quand on appuye sur le bouton pour éteindre la radio. Sauf que j'avais toujours le son dans ma tête.
On peut se libérer de l'acte d'écrire, mais jamais des mots. Je crois que le problème est là : ils sont trop nombreux, le goutte-à-goutte de l'écriture ne peut pas indéfiniment suffire. Ecrire, c'est choisir une station sur la radio. Une seule à la fois. C'est l'idée que je m'en faisais, en tous les cas. Et dans ma tête, souvent, ça s'entrecroise trop, ça se recouvre, alors comment dissocier les voies, de quel droit choisir celle qui mérite d'être suivie, celle-là plutôt que toutes les autres ? Et pourquoi vouloir à tout prix rester sur la route, d'ailleurs, quand le hors-piste a tant à nous apprendre, sur notre texte (et nous au travers) autant que sur l'écriture elle-même ?
Aujourd'hui, j'ai compris que je pouvais rester multiple, ne pas me réduire, dénaturer, entre les signes. Question d'angle de vue mobile, au cinéma on parlera de travelling, zoom, plongée. Cultiver l'imprévu. La folie, ou un certain "décalage mental" du personnage, peuvent aider. Mais c'est épuisant, et ça finit très vite, si l'on n'y prend garde, en "fond de commerce".
J'aimerais changer de style, mais je ne veux plus perdre le chemin de ces lignes. Alors je me résoud à un style qui n'est pas toujours tout à fait le mien, même si... Mais l'exactitude, la fidélité à moi-même, ne valent pas le risque. J'ai de toute façon des thèmes, des récits, très divers. Me résigner est doux.
Sauf qu'il y a encore quelque chose qui ne fonctionne pas : mes récits restent courts, ou inachevés, bon nombre de projets avortés, ou juste ébauchés dans ma tête. Je n'écris pas, je passe simplement d'un bloc de lignes à un autre, d'une idée à l'autre, sans solution de continuité, sans fin, parfois même sans début. Des textes incompatibles, trop disparates. Des fragments sans corps. Des idées sans avenir, faute de quelqu'un pour vraiment les écrire. Je survole, je contemple et admire, caresse un peu, paresse beaucoup, ébauche distraitement pour ne pas laisser le besoin prendre trop le dessus. J'ébauche dans la douleur en feignant l'ignorer. Je trace les lignes en prétendant savoir où je vais, et je le sais ! Sauf que ce n'est jamais là où je le dis. Jamais à un seul endroit en même temps. Toujours à cheval entre deux idées (ou plus, si affinités...)
Je n'écris pas, je m'en joue seulement la comédie, pour tromper le manque. Le résultat suffit à d'autres pour croire à mes chimères. J'exulte. Je crève de honte. J'étouffe de ne pas pouvoir plus, mieux. Je respire infiniment mieux après qu'avant. Je me torture et j'en sors heureux, tout en même temps. Je vis mon rôle jusqu'aux moindres détails. Je suis un acteur, masochiste, extrème, improvisant son texte au fur et à mesure. Cela vaut-il une petite pièce ? A vous de voir.
Moi, je n'en sais rien, je ne me vois pas. Je ne vois que la feuille. Celle en cours, la précédente, ou la suivante. Le rôle de ma vie. La vie.
J'écris.
On peut se libérer de l'acte d'écrire, mais jamais des mots. Je crois que le problème est là : ils sont trop nombreux, le goutte-à-goutte de l'écriture ne peut pas indéfiniment suffire. Ecrire, c'est choisir une station sur la radio. Une seule à la fois. C'est l'idée que je m'en faisais, en tous les cas. Et dans ma tête, souvent, ça s'entrecroise trop, ça se recouvre, alors comment dissocier les voies, de quel droit choisir celle qui mérite d'être suivie, celle-là plutôt que toutes les autres ? Et pourquoi vouloir à tout prix rester sur la route, d'ailleurs, quand le hors-piste a tant à nous apprendre, sur notre texte (et nous au travers) autant que sur l'écriture elle-même ?
Aujourd'hui, j'ai compris que je pouvais rester multiple, ne pas me réduire, dénaturer, entre les signes. Question d'angle de vue mobile, au cinéma on parlera de travelling, zoom, plongée. Cultiver l'imprévu. La folie, ou un certain "décalage mental" du personnage, peuvent aider. Mais c'est épuisant, et ça finit très vite, si l'on n'y prend garde, en "fond de commerce".
J'aimerais changer de style, mais je ne veux plus perdre le chemin de ces lignes. Alors je me résoud à un style qui n'est pas toujours tout à fait le mien, même si... Mais l'exactitude, la fidélité à moi-même, ne valent pas le risque. J'ai de toute façon des thèmes, des récits, très divers. Me résigner est doux.
Sauf qu'il y a encore quelque chose qui ne fonctionne pas : mes récits restent courts, ou inachevés, bon nombre de projets avortés, ou juste ébauchés dans ma tête. Je n'écris pas, je passe simplement d'un bloc de lignes à un autre, d'une idée à l'autre, sans solution de continuité, sans fin, parfois même sans début. Des textes incompatibles, trop disparates. Des fragments sans corps. Des idées sans avenir, faute de quelqu'un pour vraiment les écrire. Je survole, je contemple et admire, caresse un peu, paresse beaucoup, ébauche distraitement pour ne pas laisser le besoin prendre trop le dessus. J'ébauche dans la douleur en feignant l'ignorer. Je trace les lignes en prétendant savoir où je vais, et je le sais ! Sauf que ce n'est jamais là où je le dis. Jamais à un seul endroit en même temps. Toujours à cheval entre deux idées (ou plus, si affinités...)
Je n'écris pas, je m'en joue seulement la comédie, pour tromper le manque. Le résultat suffit à d'autres pour croire à mes chimères. J'exulte. Je crève de honte. J'étouffe de ne pas pouvoir plus, mieux. Je respire infiniment mieux après qu'avant. Je me torture et j'en sors heureux, tout en même temps. Je vis mon rôle jusqu'aux moindres détails. Je suis un acteur, masochiste, extrème, improvisant son texte au fur et à mesure. Cela vaut-il une petite pièce ? A vous de voir.
Moi, je n'en sais rien, je ne me vois pas. Je ne vois que la feuille. Celle en cours, la précédente, ou la suivante. Le rôle de ma vie. La vie.
J'écris.