20 octobre 2008
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14:40
Je lisais récemment un texte que Eryn a publié sur son blog, VSA - Contre-addictions. Sous le titre "Ombre au tableau", elle développe avec un style parfait un ensemble de réflexions sur notre société et nous-mêmes qavecui m'ont interpellé, et fait réagir.
Ne manquez pas de lire son texte, le choc qu'il provoque est vraiment salutaire.
Elle m'a donné l'idée de faire de mon commentaire un article, alors le voici, sans doute très décousu et je m'en excuse, mais trop de pensées se bousculent.
Nous vivons aujourd'hui, nous occidentaux "relativement" privilégiés dans le monde tel qu'il est, dans ce que l'on définit comme des démocraties, et fonctionnant comme telles. Et pourtant, dans le même temps, nous y subissons une nouvelle forme de dictature, rampante bien que très peu sournoise : nous ne pouvons manquer d'en croiser les signes, mais pour la plupart nous ne les reconnaissons pas comme tels.
Sous le couvert de ce que l'on nomme "presse", "journaux télévisés", "informations", "actualités", "dépêches", "magazines", et autres émissions, sites internet, etc, se cache en effet une grave dérive, un phénomène qui porte même un nom, "conscientisation", et que l'on peut résumer malheureusement dans bien des cas par "tout savoir, n'y rien pouvoir".
"j'étais là pourtant, j'étais là... et je n'ai rien fait" comme le chante si bien Zazie, sans que l'on sache trop de quel côté de la balance il faut ranger ses mots, culpabilité ou constat d'impuissance... Mais malgré l'engagement sans faille de l'artiste pour certaines causes, je ne doute pas qu'il y ait sans doute les deux, dans ses mots. Car devant tous les malheurs du monde, nous citoyens ordinaires n'y pouvont souvent rien, ou pas grand chose. D'autant que les causes à défendre sont légions, alors comment s'occuper de toutes ?
Et pourtant, tout est fait pour nous culpabiliser.
Il serait urgent de sortir de cet engrenage à broyer les consciences sous le poids de notre "situation privilégiée", et réapprendre à vivre non pas pour soi seul, mais PAR soi, c'est à dire avec ses aspirations, ce que l'on est, sans chercher à substituer des causes à nos propres raisons intérieures de tenir debout, en n'enterrant pas sous ce que nous pourrions apporter au monde ce que nous aspirons à faire de notre vie.
Il n'y a pas d'égoïsme dans mes mots, seulement le constat que l'on ne peut donner aux autres que ce que l'on a, que ce que l'on est. Si l'on choisit de se coller le masque d'une cause sur le visage, parce qu'il le faut, parce que si personne ne fait rien etc, parce qu'on y croit, mais sans savoir qui l'on est, et si l'on est vraiment fait pour cela... et bien le combat est vain. Certains peut-être se révèlent dans l'action. Mais le plus souvent, c'est elle qui se révèle à eux, par l'envie, le besoin dévorant, l'élan. Et ceux qui n'ont pas cet élan, qui aspire à autre chose, est-ce leur faute ? Rien n'est fait pour donner l'envie dans notre société, seulement de la culpabilité pour ceux qui se regardent en face avec leurs petites misères quand d'autres meurent de faim, de répression, de catastrophes diverses...
Je reconnais l'importance qu'il y a à être informé de tout ce qui se passe sur la planète, de manière objective. Tout comme il me semble important que chacun choisisse d'écouter / regarder / lire s'il le souhaite. Ce n'est malheureusement plus très possible, entre les manifestations, les démarcheurs à domicile, ceux qui distribuent des tracts dans les gares, les métros, les lycées, etc... et bien sûr tout ce qu'il défende est juste, et c'est très bien qu'il puisse le faire savoir. Mais ceux qui n'ont pas le temps ou les moyens de les suivre dans leur cause, ou qui ont d'autres visions des choses, ne doivent-ils pas être respectés aussi ?
Il faut abandonner l'extrémisme des idées, et en revenir à une vision plus positive de ce que nous pourrions apporter au monde en tant que citoyens, pleinement conscients de nos moyens et de nos limites.
Je suis par exemple pour ces initiatives (parfois gouvernementales) visant à présenter des associations, des projets, des causes, à des écoliers / lycéens / chomeurs (pourquoi pas ?), de manière pédagogique, tant que cela est fait sans banalisation NI dramatisation, que chaque individu reste libre de ce qu'il pense, de ce qu'il a envie de faire.
Dans les écoles, le but est de favoriser l'implication d'élèves dans des associations, à leur niveau. Il y a de beaux projets réalisés chaque année, dans nos pays ou ailleurs, par des élèves de tous âges. C'est une belle méthode d'apprentissage, qui n'est pas forcée, parce que chacun trouve sa place dans un projet commun qu'il n'a pas l'impression de devoir porter seul ou au détriment d'autre chose, et où il apporte ce qu'il est. Et ceux qui ne se sentent pas capables ou intéressés sont respectés.
Cette vision-là est à développer, tout comme une information (presse, etc) plus positive aussi, mettant en perspective les nouvelles, et les gens qui oeuvrent pour améliorer les choses, en donnant au public les informations sur ceux qui s'impliquent, et comment les suivre s'ils le souhaitent, même par de petites choses.
Une information donc qui redeviendrait objective, responsable, qui ne présenterait plus seulement les drames mais les réussites. Et je reconnais que certains le font, mais toujours pas sur un pied d'égalité, les informations dramatiques passent toujours en premier.
Il faut sortir de ce sensationnalisme généralisé. La vie n'est pas une série hollywoodienne où le rebondissement est la réponse à tout, le "toujours plus" un mode de pensée pour cacher les faiblesses du scénario.
La vie est complexe, multiple, le monde est infiniment varié, alors sortons des schémas réducteurs.
Et respectons le fait que tous les humains sont différents, et que ne pas s'impliquer ne veut pas dire "indifférence" ou "non-respect" des causes.
Ne manquez pas de lire son texte, le choc qu'il provoque est vraiment salutaire.
Elle m'a donné l'idée de faire de mon commentaire un article, alors le voici, sans doute très décousu et je m'en excuse, mais trop de pensées se bousculent.
Nous vivons aujourd'hui, nous occidentaux "relativement" privilégiés dans le monde tel qu'il est, dans ce que l'on définit comme des démocraties, et fonctionnant comme telles. Et pourtant, dans le même temps, nous y subissons une nouvelle forme de dictature, rampante bien que très peu sournoise : nous ne pouvons manquer d'en croiser les signes, mais pour la plupart nous ne les reconnaissons pas comme tels.
Sous le couvert de ce que l'on nomme "presse", "journaux télévisés", "informations", "actualités", "dépêches", "magazines", et autres émissions, sites internet, etc, se cache en effet une grave dérive, un phénomène qui porte même un nom, "conscientisation", et que l'on peut résumer malheureusement dans bien des cas par "tout savoir, n'y rien pouvoir".
"j'étais là pourtant, j'étais là... et je n'ai rien fait" comme le chante si bien Zazie, sans que l'on sache trop de quel côté de la balance il faut ranger ses mots, culpabilité ou constat d'impuissance... Mais malgré l'engagement sans faille de l'artiste pour certaines causes, je ne doute pas qu'il y ait sans doute les deux, dans ses mots. Car devant tous les malheurs du monde, nous citoyens ordinaires n'y pouvont souvent rien, ou pas grand chose. D'autant que les causes à défendre sont légions, alors comment s'occuper de toutes ?
Et pourtant, tout est fait pour nous culpabiliser.
Il serait urgent de sortir de cet engrenage à broyer les consciences sous le poids de notre "situation privilégiée", et réapprendre à vivre non pas pour soi seul, mais PAR soi, c'est à dire avec ses aspirations, ce que l'on est, sans chercher à substituer des causes à nos propres raisons intérieures de tenir debout, en n'enterrant pas sous ce que nous pourrions apporter au monde ce que nous aspirons à faire de notre vie.
Il n'y a pas d'égoïsme dans mes mots, seulement le constat que l'on ne peut donner aux autres que ce que l'on a, que ce que l'on est. Si l'on choisit de se coller le masque d'une cause sur le visage, parce qu'il le faut, parce que si personne ne fait rien etc, parce qu'on y croit, mais sans savoir qui l'on est, et si l'on est vraiment fait pour cela... et bien le combat est vain. Certains peut-être se révèlent dans l'action. Mais le plus souvent, c'est elle qui se révèle à eux, par l'envie, le besoin dévorant, l'élan. Et ceux qui n'ont pas cet élan, qui aspire à autre chose, est-ce leur faute ? Rien n'est fait pour donner l'envie dans notre société, seulement de la culpabilité pour ceux qui se regardent en face avec leurs petites misères quand d'autres meurent de faim, de répression, de catastrophes diverses...
Je reconnais l'importance qu'il y a à être informé de tout ce qui se passe sur la planète, de manière objective. Tout comme il me semble important que chacun choisisse d'écouter / regarder / lire s'il le souhaite. Ce n'est malheureusement plus très possible, entre les manifestations, les démarcheurs à domicile, ceux qui distribuent des tracts dans les gares, les métros, les lycées, etc... et bien sûr tout ce qu'il défende est juste, et c'est très bien qu'il puisse le faire savoir. Mais ceux qui n'ont pas le temps ou les moyens de les suivre dans leur cause, ou qui ont d'autres visions des choses, ne doivent-ils pas être respectés aussi ?
Il faut abandonner l'extrémisme des idées, et en revenir à une vision plus positive de ce que nous pourrions apporter au monde en tant que citoyens, pleinement conscients de nos moyens et de nos limites.
Je suis par exemple pour ces initiatives (parfois gouvernementales) visant à présenter des associations, des projets, des causes, à des écoliers / lycéens / chomeurs (pourquoi pas ?), de manière pédagogique, tant que cela est fait sans banalisation NI dramatisation, que chaque individu reste libre de ce qu'il pense, de ce qu'il a envie de faire.
Dans les écoles, le but est de favoriser l'implication d'élèves dans des associations, à leur niveau. Il y a de beaux projets réalisés chaque année, dans nos pays ou ailleurs, par des élèves de tous âges. C'est une belle méthode d'apprentissage, qui n'est pas forcée, parce que chacun trouve sa place dans un projet commun qu'il n'a pas l'impression de devoir porter seul ou au détriment d'autre chose, et où il apporte ce qu'il est. Et ceux qui ne se sentent pas capables ou intéressés sont respectés.
Cette vision-là est à développer, tout comme une information (presse, etc) plus positive aussi, mettant en perspective les nouvelles, et les gens qui oeuvrent pour améliorer les choses, en donnant au public les informations sur ceux qui s'impliquent, et comment les suivre s'ils le souhaitent, même par de petites choses.
Une information donc qui redeviendrait objective, responsable, qui ne présenterait plus seulement les drames mais les réussites. Et je reconnais que certains le font, mais toujours pas sur un pied d'égalité, les informations dramatiques passent toujours en premier.
Il faut sortir de ce sensationnalisme généralisé. La vie n'est pas une série hollywoodienne où le rebondissement est la réponse à tout, le "toujours plus" un mode de pensée pour cacher les faiblesses du scénario.
La vie est complexe, multiple, le monde est infiniment varié, alors sortons des schémas réducteurs.
Et respectons le fait que tous les humains sont différents, et que ne pas s'impliquer ne veut pas dire "indifférence" ou "non-respect" des causes.