10 avril 2008
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Ce texte a été écrit en réponse à l'exercice 37 de la communauté Ecriture Ludique. Il s'agissait d'écrire en s'inspirant de l'image ci-dessous, sans autre contrainte que son imagination "Ombre et rocher" - Alexandre Koening | Bonjour Monsieur ! Dis, tu m’entends, toi ? Tu es devant le mur et tu regardes mon ombre, tu as l’air sérieux, triste aussi, comme maman le jour où papa n’est pas revenu, et qu’elle s’est cachée pour pleurer. Après c’est elle qui n’est pas revenue, et je suis restée ici avec tante Alice. Il n’y avait déjà plus école depuis longtemps, c’était la guerre, même si je ne sais pas trop ce que c’est. Des jeux de grands, m’a dit Tante Alice. Moi je jouais devant le mur de la cour, et puis les grands jouaient à la guerre. J’aimais bien l’idée d’un monde où tout le monde jouait, mais tante Alice n’avait pas l’air de mon avis. Tu comprends, toi ? Toute la journée, je promenais mon ombre de haut en bas du petit chemin, et plus le soleil était haut, plus elle se projetait loin. Je rêvais qu’un jour elle aille si loin qu’elle se détache de moi, et que je n’ai plus d’ombre du tout. Tous les soirs, elle se cachait dans le noir, mais ce n’était pas pareil, je savais qu’elle était là. Tu ne dis rien, Monsieur, mais j’ai l’impression que tu m’écoutes, toi, même si tu ne le montres pas. Les autres passent devant le mur tous les jours, ils sont beaucoup, mais je ne crois pas qu’ils font attention à ce que je leur dis. Toi tu as l’air différent, je t’aime bien avec tes grands yeux au bord des larmes. Mais il ne faut pas pleurer, tu sais, je suis content moi ! Mais je m’ennuie un peu, j’aimerais bien que tu me ramènes à la maison maintenant. Tends-moi la main, et amène-moi jusqu’à la porte, juste là-bas. Sans toi je n’y arriverai pas. C’était un jour de plein soleil, comme aujourd’hui. Soudain, il y a eu un grand bruit, et plus du tout de lumière. Il a fait chaud, si chaud… puis froid, si froid… et puis j’ai continué à bouger, mais mon ombre est restée là, figée sur le mur, et plus je tentais de m’éloigner, plus j’avançais lentement. Alors, je suis revenu, et ça allait mieux. Mais je ne peux pas faire plus de 10 pas dans chaque direction. Je n’ai pas quitté le chemin depuis, ça fait longtemps. Non, ne t’en va pas, Monsieur, attends !!! Tu m’entends ! Prends ma main et emmène-moi ! Je voudrais voir autre chose que ces visages qui défilent tous les jours, tu comprends ? Pitié, ne t’en va pas… 10/04/2008 |
Publié par Michel - Faux rêveur
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Recueil : Fictions vraies (2005-2008)
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