Noël est un étrange défi. Un balancement sur l’axe de nos enfances, en équilibre sur celles qui naîtront de nous. Le mensonge nécessaire, qui fait la réalité plus belle ne fusse que quelques instants, l’espace d’un souffle, l’espace de ces lucioles posées, multicolores, aux vitrines et partout dans les rues et les maisons, jusque dans nos cœurs.
Noël n’est pas une évidence. Comme pour cette petite fille, qui ne voulait que la paix dans le monde, mais le paquet était trop petit pour ça bien sûr, alors elle reçut une Barbie. Et évidemment, elle en fût heureuse, même si un doute restera tout au fond de sa conscience. Combien d’années faudra-t-il pour qu’elle aussi offre un jouet pour un idéal ? Car les grandes choses naissent du moindre rêve, aussi banal soit-il. Et peut-être par leur amour, un jour, Barbie et Ken sauveront vraiment ce monde de lui-même. Mais qui pourra vraiment l’expliquer à une petite fille ?
En attendant elle joue, et cela la protège un temps de la laideur autour, et son plaisir protège ses parents attendris.
Noël a les victoires qu’il peut.
Certains n’y verront jamais que du commerce. Il est vrai que le cynisme ambiant tend à donner cette même couleur uniforme de boue à tout ce que nos yeux peuvent aimer, tout ce à quoi nos cœurs pourraient aspirer. Une dose de solitude en plus, et il n’y a plus de différences, comme pour cette femme qui ne verra pas ses enfants cette année non plus, cette femme qui voulut un mieux, un jour … et aucun amour, aussi grand soit-il, n’apaisera le mal qui la ronge. Il faudra attendre demain, d’autres Noël, où peut-être de jeunes adultes se souviendront d’elle, et lui offriront la délivrance par leurs sourires. Mais qui osera lui dire que mille présents vides ne font à coup sûr un avenir raté ? Qui pourrait faire qu’elle y croit juste un peu ?
Parfois Noël est une fin, aussi, ultime cadeau d’une vie bien remplie. Comme pour cet homme de 80 ans, qui ne pensait pas pouvoir sentir encore le goût d’une fête. Ses arrières petits-enfants sautent sur ses genoux et s’égayent en tout sens. Il est heureux, pleinement.
Dans deux semaines, peut-être, il ne sera plus là. C’est ce qu’en disent les médecins. Mais le miracle de Noël, c’est qu’il n’en a plus peur.
La vie ne s’embellit pas à date fixe. Mais il suffit de peu, parfois, pour qu’elle retrouve la lumière perdue. Et s’il suffit pour cela de croire, alors croyons encore, redevenons nous aussi des enfants émerveillés au-delà de tout.
Et construisons ensemble un joyeux Noël.