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18 septembre 2007 2 18 /09 /septembre /2007 22:16
Je n'écrirai pas aujourd'hui.

Quand l'écriture était absente, il n'y a pas si longtemps de cela, enfoncé que j'étais dans des blocages imbéciles, peur de ne pas être à la hauteur de l'idée, ou qu'elle ne soit finalement pas assez bonne, peur du regard des autres mais surtout du mien... à cette époque, écrire était le pilier dont je rêvais pour remettre ma vie debout.

Quand le physique pose problème, on fait de l'exercice pour l'entretenir. Quand la plume coince, on lui fait faire des exercices aussi. Dans les deux cas ce n'est pas tant muscler que l'on cherche à faire, mais rendre plus souple, plus en forme.

Je ne rêvais pas de gravir des montagnes, seulement de respirer un peu mieux, au jour le jour. Pouvoir avancer. Retrouver, à chaque nouveau pas, un peu de fierté, et ainsi ne plus avoir, à la fin, besoin de ce programme de remise en forme. Cela supposait quand même de le poursuivre assez longtemps et intensivement, pour qu'il porte ses fruits.

Mais évidemment j'en ai trop demandé, et depuis un mois je m'impose tous les jours un exercice après l'autre. Et ce qui devait rester un plaisir, un exutoire, est devenu peu à peu une habitude, joyeuse puis un peu casse-pied, puis lassante. Et finalement une contrainte.

Et ce soir je la refuse. Je n'écrirai pas aujourd'hui.

A force de puiser dans le jardin secret de mon inspiration les images pour continuer, encore et encore, à alimenter cette sorte de "journal intime" par fictions interposées (car écrire n'est jamais rien d'autre que ça, quoi qu'on en pense), je me retrouve devant un paysage qui n'a pas changé, mais sur lequel je ne parviens plus à poser le regard toujours pétillant de l'enfant qui redécouvre le monde à chaque regard. Même les plus belles plages inventées n'ont plus d'attraits parce qu'elles me sont imposées, comme toutes les autres histoires qui viennent à moi à la lecture de l'énoncé du jour, et violent mon esprit pour que je ne puisse les en déloger autrement qu'en prenant la plume.

Tant qu'il reste ce moyen, me direz-vous... ce n'est pas à proprement parler si invivable que cela. Et puis si l'idée est là, c'est qu'au fond de moi j'en ai quand même encore l'envie, d'écrire.

Et vous ne voyez pas le problème, quand je hurle que je veux retrouver ma liberté, vous me dites que je ne l'ai jamais perdue.
Mais je sais que vous avez tort et ce soir je pose la plume, pour ne pas succomber encore à l'obligation.

Demain, je la reprendrai peut-être, mais sans rien m'imposer, parce que je l'aurai voulue. Demain j'écrirai certaines suites en attente, de la poésie à nouveau, des réflexions. Demain je rêverai de tout ce que je peux écrire maintenant que je ne me confinerai plus aux exercices.
Demain j'arriverai même à vous faire comprendre la différence.

En attendant aujourd'hui... trop fatigué pour argumenter encore. Je ne me persuaderai pas ce soir, je sais.
Mais ce n'est pas nécessaire.
Le sommeil va venir et emporter cette journée trop lourde dans les limbes. Quand je me réveillerai, l'heure aura eu raison des chaînes que je m'étais imposées. Pas une seule ligne, pas un seul mot, dans les temps impartis.

Alors je serai vraiment libre, que je le veuille ou non !



Exceptionnellement je termine par les avertissements... Rassurez-vous, j'écrirai toujours !
Et je n'en ai pas tout à fait fini non plus avec les exercices (de la communauté ou les miens)
D'ailleurs ce que vous venez de lire en est la preuve... 10 mots imposés, ils y sont tous...

#024 Virginie Edensland
jardin, enfant, plage, journal, fierté, exutoire, pilier, montagne, proprement, demain.

J'espère que vous me pardonnerez cette fiction tellement autobiographique... ce n'est pas de vous que j'ai voulu rire ce soir... ;-)

et donc comme vous l'aurez sans doute compris...

Ce texte fait partie du recueil "Braises" (projet "logorallyes").
L'ensemble des listes reçues dans le cadre du projet, et ce que j'en ai fait jusqu'ici, est consultable ici .

blablabla... ;-)
Ah ces belges, avec leurs fictions façon JT... ;-)
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commentaires

S
Le puits diabolique où m'entraîne ma plume me terrorise, mes nuits sont hachées par des bribes d'histoires qui veulent sortir,  mon esprit est harcelé par des phrases, des images et aspire  à la paix. De l'air ! Gardons ce "jeu" à distance sous peine d'être engloutie (me dis-je)Ce monde virtuel nourri par nos histoires nous libère de certains maux tout en nous enchaînant, non ?Amicalement.
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M
Il remplace certaines douleurs par d'autres, le poids de ce qu'on ne peut supporter par celui de la contrainte... et comme on respire mieux après, c'est que cela doit être bon. L'idéal serait un silence qui ne soit plus ce vide, ce puits sans fond... un espace où être soi en dehors et que cela veuille suffisamment dire quelque chose pour ne plus jamais retourner à l'écriture. Mais quand on porte cela en soi, l'écriture EST être soi... nous sommes la chaîne qui nous retient. Que faire contre cela ?:-)Merci pour ce commentaire qui fait réfléchir... :-)
C
Excellent ! je vois ce texte comme un tableau à double entrée et s'il est piège , je le ressens néanmoins vérité ,le tout est de bien être persuadée que la vérité est multiple, alors quelle que soit l'entrée que je choisis pour lire tes mots , j'adhère  à ton propos car il est criant de sincérité !bonne continuation  sur le chemin  parfois douloureux du plaisir de l'écritureamicalement chrystelyne
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M
:-) merci pour les compliments :-)Oui, ce texte contient des vérités, dont j'ai voulu rire, à mes seuls dépends. Le risque est de ne considérer que le côté "vérité", ou que le côté "fiction". Il y a une part de la réalité de chaque côté..."Tout plaisir extrème est aussi une extrème douleur"... il déborde les digues et noye des zones peu habituées à de telles vagues... il détruit autant qu'il apaise, il reconstruit à chaque fois autrement...L'écriture est un tel plaisir qui ne respecte rien et redessine à son image l'âme toute entière...
M
je suis roulée moi, j'avais lu les fils avant et donc, je savais et ne me suis rendue compte du "truc "que dans les coms...Faut que je file. A+
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M
un peu désolant que tu aies eu le plaisir gâché... bisous @+
P
Trop bien amené ton exercice de style, j'en apprécie l'humour et en même temps sa sincérité. Le "je" te va bien. L'écriture n'a pas besoin de contraintes pour vivre, car elle en est parfois une toute entière quand une histoire ne vous lâche plus, qu'on la trimballe dans ses balades, dans ses petits moments de pause, dans ses rêves... mais parfois pour qu'elle s'active un peu, pour le sel de nos jours, un petit coup de pouce n'est pas inutile. C'est ainsi que je conçois le principe de l'écriture ludique. Merci encore pour ce moment.
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M
merci à toi pour ce commentaire, sur un texte où j'ai voulu "piéger" le lecteur... et manifestement j'y suis parvenu :-) Tout à fait d'accord avec toi à propos de l'écriture...
C
Bravo ! Là je dis bravo, parce que ce texte est vraiment très réussi. J'ai beaucoup aimé cette mise en abime que tu nous proposes à travers un refus pourtant exécuté. Le style est personnalisé, peut-être parce que tu emploies le "je". Continue, ta plume prends le bon chemin en s'engageant ainsi ! 
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M
:) content que tu aies apprécié. Les réactions me prouvent que tout est crédible, l'exercice complètement dépassé, le simple fait de n'avoir mis aucun avertissement avant d'arriver à la fin de l'article a suffi à créer l'effet que je désirais.N'empêche que cette "autofiction" reste très vraie sur de nombreux points, j'aspire maintenant à me passer d'exercices... mais je n'en suis pas à un tel point de rupture, la preuve, je suis encore capable de trouver mon plaisir en brouillant les pistes ;-)