Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Licence Creative Commons
Ce blog et les écrits qu'il contient sont mis à disposition par Michel Bosseaux (l'auteur) selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
 
 

Newsletter
 

 

Référencement


Mes autres blogs
27 août 2006 7 27 /08 /août /2006 13:04
Brutalité, cauchemar, sont au rendez-vous de ces textes inclassables ailleurs, qui méritaient bien leur rubrique. Heureusement courts, ils peuvent choquer, et le feront sûrement. Ils l'ont déjà fait.

Il faut dire qu'en choisissant de sonder le mental d'un homme, au moment où il bascule dans une pulsion de folie, ou juste après... je m'exposais !

Vous voilà donc prévenus...



Partager cet article
Repost0
23 août 2006 3 23 /08 /août /2006 09:31
Et la poussière retourne à la poussière... mais la transition est progressive. D'abord la vie dissout, dilue peu à peu. Et ce qui résiste, la mort le brise. Mais en vérité il ne reste que peu, car, au fil du temps, le vent souffle, la foudre fragmente l'âme, des pans entiers s'égarent on ne sait trop où...

Ils disent qu'on n'y perd ainsi que des illusions, en chemin. Moi, je sais que c'est le goût de vivre lui-même qui se décompose. Juste comme une petite gorgée d'un alcool très fort : on fait durer, on sent toutes les nuances, mais à la fin il ne reste quand même que la brûlure, et un mauvais goût en bouche.
L'alcool a ses gueules de bois, la vie son cercueil. C'est plus définitif, mais ce n'est pas la même matière pour rien.

On perd l'envie, donc... et derrière, la mort qui vient est une délivrance, et plus même : une raison d'espérer et craindre, encore, à nouveau. Une nouvelle aventure, un peut-être. Plus du tout une fin.

Tout est relatif.

Pourtant, il reste la peur, au moment d'éteindre la lumière. Pas de mes propres pensées, oh non... Depuis le temps, on se connait trop bien elles et moi, on se respecte je dirais. Chacun sa tranche horaire, et tout va bien dans le meilleur des mondes. Non, c'est plutôt l'angoisse diffuse que ce soit la dernière fois : ne plus jamais ouvrir les yeux sur la lumière, ne plus me sentir respirer, ni le moindre craquement dans les os, la moindre douleur.
Et puis le lever du soleil. Etonnant comment au crépuscule d'une vie, on en vient de plus en plus à guetter l'aube, à s'en emplir jusqu'à déborder, comme s'il était encore possible de tout recommencer, comme si...


Mais non, je ne pleure pas, fils ! Seulement un peu mal aux yeux
Apporte-moi mes lunettes, s'il te plaît.


Voilà... Où en étais-je ? Ah oui, le lever du soleil.
Ce matin, pour la première fois depuis 30 ans, je l'ai manqué. Pas très grave, peut-être, mais c'est maintenant, alors que les heures me sont comptées, précisément maintenant que j'en aurais eu le plus besoin. Comme de toutes ces petites choses que l'on vous refuse si "raisonnablement" ici. Et rien n'est jamais très grave, non, personne pour s'en plaindre de ceux qui sont passés entre ces murs.

Et pour cause !

Mais ne perdons pas de temps avec ces détails. L'essentiel est ailleurs, qui n'attendra plus très longtemps.

Je me suis souvent interrogé sur les dernières minutes de la dernière heure. Nous y voilà.


Non, ne pleure pas s'il te plaît. Sinon je vais recommencer aussi...


Tu es là, à mes côtés, mon enfant, le plus beau cadeau que la vie puisse faire à un homme. Parfois amer, surtout quand on a tellement peur de mal faire que l'on fait n'importe quoi.
A te voir, là, on dirait quand même que je ne m'en suis pas si mal tiré. Mais il faut bien avouer que si ta mère n'avait pas été là pour rectifier le tir...

Maria.

Elle m'a tant manqué, tu sais ? Ne pleure pas. Il y a un après, bien sûr qu'il y en a un. Aujourd'hui, c'est le début de mon éternité auprès d'elle.
Nous t'attendrons. Le plus longtemps possible.


Allez, embrasse-moi, et laisse-moi faire mon dernier pas, seul, comme je pense qu'on doit tous l'être pour pouvoir le réussir. Je ne voudrais pas arriver devant ta mère en trébuchant ! Tu la connais, avec sa façon de se moquer, si douce...



Le vieil homme est seul maintenant. Avec son grand verre d'eau, ses toutes petites pilules, sa vie entière dans un prénom qu'il murmure, une dernière fois, avant d'avaler.

Son cancer déjà loin derrière lui.

Son fils juste à côté, derrière la vitre, le regarde les yeux noyés. Et lui respire à fond. Encore une fois.

Puis ferme les yeux.
Partager cet article
Repost0
22 août 2006 2 22 /08 /août /2006 09:47
Comment dire "je t'aime", simplement ça, une seule fois, et que ces mots retrouvent la même force que si c'était la première fois, comme il me semble d'ailleurs que ça l'est, perpétuellement, dès que le son de sa voix me réveille, que son regard m'enveloppe ? C'est toujours la première fois, alors elle mérite un tout premier "je t'aime", celui-là qui comprime le coeur, qui brûle, comme la première respiration après une longue apnée...
Mais comment espérer encore pouvoir la surprendre, la bouleverser ainsi, maintenant, avec ces trois petits mots, pauvre refrain tout usé, lassant à force d'être répêté mille fois par jour au moins ? Mille fois, et ne pas réussir une seule à vraiment y mettre tout ce que je voudrais, à faire ressentir à quel point...
Alors recommencer, encore et encore, et parfois l'entendre respirer un peu plus court, voir son regard vaciller, croire que j'ai réussi, enfin... mais non, j'y étais presque. Je n'y étais que "presque".

Et me voilà à nouveau là, à me demander comment...
Mais je le sais, au fond.

Simplement, sans me poser de questions.

Et ce qui m'empêchera chaque fois de m'en contenter... ce sera toujours l'amour. A ne pas limiter à juste des mots. A recommencer sans fin. Alors je la regarderai encore, je prendrai sa main... et puis je recommencerai. Tout. Juste comme ça.

Parce que je l'aime.
Partager cet article
Repost0
18 août 2006 5 18 /08 /août /2006 11:34
J'ai beaucoup écrit, quand j'étais plus jeune. De mon adolescence à la vraie prise de conscience de ce qu'adulte voulait dire, un flot quasi ininterrompu. Puis, du jour au lendemain, plus rien. Juste comme ça, comme quand on appuye sur le bouton pour éteindre la radio. Sauf que j'avais toujours le son dans ma tête.
On peut se libérer  de l'acte d'écrire, mais jamais des mots. Je crois que le problème est là : ils sont trop nombreux, le goutte-à-goutte de l'écriture ne peut pas indéfiniment suffire. Ecrire, c'est choisir une station sur la radio. Une seule à la fois. C'est l'idée que je m'en faisais, en tous les cas. Et dans ma tête, souvent, ça s'entrecroise trop, ça se recouvre, alors comment dissocier les voies, de quel droit choisir celle qui mérite d'être suivie, celle-là plutôt que toutes les autres ? Et pourquoi vouloir à tout prix rester sur la route, d'ailleurs, quand le hors-piste a tant à nous apprendre, sur notre texte (et nous au travers) autant que sur l'écriture elle-même ?

Aujourd'hui, j'ai compris que je pouvais rester multiple, ne pas me réduire, dénaturer, entre les signes. Question d'angle de vue mobile, au cinéma on parlera de travelling, zoom, plongée. Cultiver l'imprévu. La folie, ou un certain "décalage mental" du personnage, peuvent aider. Mais c'est épuisant, et ça finit très vite, si l'on n'y prend garde, en "fond de commerce".
J'aimerais changer de style, mais je ne veux plus perdre le chemin de ces lignes. Alors je me résoud à un style qui n'est pas toujours tout à fait le mien, même si... Mais l'exactitude, la fidélité à moi-même, ne valent pas le risque. J'ai de toute façon des thèmes, des récits, très divers. Me résigner est doux.
Sauf qu'il y a encore quelque chose qui ne fonctionne pas : mes récits restent courts, ou inachevés,  bon nombre de projets avortés, ou juste ébauchés dans ma tête. Je n'écris pas, je passe simplement d'un bloc de lignes à un autre, d'une idée à l'autre, sans solution de continuité, sans fin, parfois même sans début. Des textes incompatibles, trop disparates. Des fragments sans corps. Des idées sans avenir, faute de quelqu'un pour vraiment les écrire. Je survole, je contemple et admire, caresse un peu, paresse beaucoup, ébauche distraitement pour ne pas laisser le besoin prendre trop le dessus. J'ébauche dans la douleur en feignant l'ignorer. Je trace les lignes en prétendant savoir où je vais, et je le sais ! Sauf que ce n'est jamais là où je le dis. Jamais à un seul endroit en même temps. Toujours à cheval entre deux idées (ou plus, si affinités...)

Je n'écris pas, je m'en joue seulement la comédie, pour tromper le manque. Le résultat suffit à d'autres pour croire à mes chimères. J'exulte. Je crève de honte. J'étouffe de ne pas pouvoir plus, mieux. Je respire infiniment mieux après qu'avant. Je me torture et j'en sors heureux, tout en même temps. Je vis mon rôle jusqu'aux moindres détails. Je suis un acteur, masochiste, extrème, improvisant son texte au fur et à mesure. Cela vaut-il une petite pièce ? A vous de voir.

Moi, je n'en sais rien, je ne me vois pas. Je ne vois que la feuille. Celle en cours, la précédente, ou la suivante. Le rôle de ma vie. La vie.
J'écris.
Partager cet article
Repost0
19 juillet 2006 3 19 /07 /juillet /2006 10:05
Sur une liste de mots de kickoff (les mots imposés 4), que je remercie vivement !

Jean de La Fontaine - détartrer - quille - pèlerin (pélerinage) - gentiane
centaure - vermicelles - fascination - apothéose - aveugle



Perdu dans sa fascination
regard rivé sur son verre de Picon
jamais le même, comme si
la gentiane pouvait guérir ce mal en lui
qui le ronge

Il s'imagine Centaure, dans une course folle
et en apothéose il voit son envol
Julie est là, bien calée sur son dos
Il imagine son rire comme des grelots
qui tintent encore
et le contact de son corps
comme si rien n'avait changé
Il imagine mais ce n'est
que mirage d'un aveugle volontaire
pour fuir son enfer

un peu

toujours trop peu

Ce n'est que pélerinage dans sa mémoire
vers leur vie, un miroir
où pouvoir se regarder à nouveau

quelques larmes tombent dans sa soupe aux vermicelles
froide depuis longtemps
il n'a plus faim de rien sinon la retrouver, telle
qu'elle a toujours été, avant

Retrouver sa vie d'antan
sans se rappeler que pendant qu'il détartrait un tonneau de trop
elle tombait, comme une quille fauchée subitement
sans se rappeler que s'il avait été là, sûrement...

Bien sûr il n'avait pas pu continuer
bien sûr il s'était noyé
dans la vie plus que dans des verres

Jean de La Fontaine en aurait fait une fable, de ces vers
d'autres une chanson

mais ce n'est qu'une histoire amère
et quand la pièce est jouée, qu'y faire ?


laissons-le, laissons...


Partager cet article
Repost0