18 août 2007
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Sur une liste de mots proposée par Claire Ogie, un texte qui, je l'espère, vous plaira.
Elle s'appelait Diane. Quand il l'avait vue pour la première fois, c'était dans ce musée, où elle observait le squelette d'un dinosaure de taille appréciable. Et quand, l'espace d'une seconde, son regard avait glissé vers lui, ce n'avait pas été pour plus qu'une rapide évaluation, comme on effeuille une marguerite en rêvant à autre chose, mais sans vraiment la voir. Et le sourire qu'il lui tendait alors n'y changea rien.
Il s'était senti glacé jusqu'au sang, vidé de toute son énergie.
Il avait soif, et le besoin de boire qu'il avait si bien combattu ces derniers mois se refaisait impérieux. La plume, redevenue par le fait d'une seule seconde tonne de plomb, ne lui chatouillait plus le visage. Le manque l'étouffait, le consumait au plus profond... En un regard, elle avait révélé ce qu'il y avait de plus intense en lui, sur la palette des émotions.
Il avait pris une table, sorti tranquillement son brûle-gueule, qui lui avait si souvent servi de talisman pour contrer les poussées. Il aimait le rituel tranquille, du nettoyage au bourrage lent, méthodique... au fil des gestes mesurés, il retrouvait le contrôle de lui-même, peu à peu.
Il s'apprêtait à allumer sa pipe, mais elle fut plus rapide que lui.
Elle le regardait en souriant.
- Je ne vous offre pas un verre, bien sûr... il vaudrait mieux éviter. Et ne vous posez pas la question... je ne bois pas non plus.
- mais ...
- non, pas un mot... vous avez cru que je ne vous avais pas vraiment vu, tout à l'heure, pas vrai ?
- ...
- votre silence parle pour vous... C'est bien, le silence... ça permet de se dire tellement plus de choses...
Ils avaient beaucoup parlé en silence, ce jour-là, assis autour de cette table, rien qu'à se regarder tandis que le soleil baissait lentement. Il n'avait pas su comment elle avait compris son malaise, comment elle l'avait retrouvé. Il n'avait rien demandé, ce n'était pas vraiment nécessaire. Dans son regard il y avait la trace d'une brisure, un peu jumelle de la sienne, et ce n'est pas le domaine des questions de lever ce voile-là. Seul le temps, et la confiance...
Et avec elle assise à ses côtés, il avait tout son temps...
n. m. (pl. Brûle-gueules). XVIIIe siècle. Composé de brûle, forme verbale de brûler, et de gueule.Fam. Pipe à tuyau très court.
Elle s'appelait Diane. Quand il l'avait vue pour la première fois, c'était dans ce musée, où elle observait le squelette d'un dinosaure de taille appréciable. Et quand, l'espace d'une seconde, son regard avait glissé vers lui, ce n'avait pas été pour plus qu'une rapide évaluation, comme on effeuille une marguerite en rêvant à autre chose, mais sans vraiment la voir. Et le sourire qu'il lui tendait alors n'y changea rien.
Il s'était senti glacé jusqu'au sang, vidé de toute son énergie.
Il avait soif, et le besoin de boire qu'il avait si bien combattu ces derniers mois se refaisait impérieux. La plume, redevenue par le fait d'une seule seconde tonne de plomb, ne lui chatouillait plus le visage. Le manque l'étouffait, le consumait au plus profond... En un regard, elle avait révélé ce qu'il y avait de plus intense en lui, sur la palette des émotions.
Il avait pris une table, sorti tranquillement son brûle-gueule, qui lui avait si souvent servi de talisman pour contrer les poussées. Il aimait le rituel tranquille, du nettoyage au bourrage lent, méthodique... au fil des gestes mesurés, il retrouvait le contrôle de lui-même, peu à peu.
Il s'apprêtait à allumer sa pipe, mais elle fut plus rapide que lui.
Elle le regardait en souriant.
- Je ne vous offre pas un verre, bien sûr... il vaudrait mieux éviter. Et ne vous posez pas la question... je ne bois pas non plus.
- mais ...
- non, pas un mot... vous avez cru que je ne vous avais pas vraiment vu, tout à l'heure, pas vrai ?
- ...
- votre silence parle pour vous... C'est bien, le silence... ça permet de se dire tellement plus de choses...
Ils avaient beaucoup parlé en silence, ce jour-là, assis autour de cette table, rien qu'à se regarder tandis que le soleil baissait lentement. Il n'avait pas su comment elle avait compris son malaise, comment elle l'avait retrouvé. Il n'avait rien demandé, ce n'était pas vraiment nécessaire. Dans son regard il y avait la trace d'une brisure, un peu jumelle de la sienne, et ce n'est pas le domaine des questions de lever ce voile-là. Seul le temps, et la confiance...
Et avec elle assise à ses côtés, il avait tout son temps...
n. m. (pl. Brûle-gueules). XVIIIe siècle. Composé de brûle, forme verbale de brûler, et de gueule.Fam. Pipe à tuyau très court.