11 décembre 2005
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Une version courte (environ 1500 caractères) de ce texte figure sur le site de fulgures.com . N'hésitez pas à la découvrir !
Elle est partie sans un mot. Elle a enfilé sa veste, ramassé son sac, cherché ses clefs de voiture. Puis elle a vérifié l’heure, et est sortie, non sans se retourner pour un regard, comme d’habitude, mais mécaniquement, sans me sourire cette fois. Juste un regard mort.
Ma dernière image d’elle.
Ma dernière image d’elle.
***
Contraste avec la veille au matin, après une autre de nos nuits… tant de chaleur, et bien du mal à se séparer. Alors se préparer, parce qu’il le faut, parce que « l’amour et l’eau fraiche, ça ne marche que dans les romans ». Mais s’embrasser au passage, furtivement, puis gourmand, autant qu’on le peut. En essayant de ne pas perdre le fil, non, pas vers le lit , « sois sage chéri, il faut y aller ! ». Sourires. Alors allons y.
Quand elle se retourna comme chaque fois, j’étais prêt. Ca arrivait, parfois.
Nous descendîmes enlacés, puis en bas, au moment de se séparer pour rejoindre chacun sa voiture, je me retournai et l’embrassai encore, fougueusement. Nouveauté. Elle me repoussa, enchantée par la démonstration, mais se voulant sérieuse. « Je vais être en retard chéri ! ». Son sourire me dit que ça le valait bien.
Un baiser. A peine quelques secondes. Qui ont tout changé.
Quand elle se retourna comme chaque fois, j’étais prêt. Ca arrivait, parfois.
Nous descendîmes enlacés, puis en bas, au moment de se séparer pour rejoindre chacun sa voiture, je me retournai et l’embrassai encore, fougueusement. Nouveauté. Elle me repoussa, enchantée par la démonstration, mais se voulant sérieuse. « Je vais être en retard chéri ! ». Son sourire me dit que ça le valait bien.
Un baiser. A peine quelques secondes. Qui ont tout changé.
***
Elle prit l’itinéraire habituel à travers les petites rues, jusqu’au boulevard, puis l’autoroute, puis se dirigea tranquillement vers « sa » sortie, ni plus ni moins vite que d’habitude. Simplement la routine.
Mais soudain, juste devant elle, un accident. L’Accident.
78 voitures, 160 morts quand le camion de produits chimiques explosa.
Et elle, garée in extremis sur la bande d’arrêt d’urgence. Indemne.
Elle m’appela. J’étais déjà au courant, on ne parlait que de ça aux infos, et j’avais fait demi-tour, prévenant mon employeur que je prenais ma journée. Nous nous retrouvâmes chez elle.
Elle me dit que c’était son heure, pas celle de ce couple et des trois enfants, dans la voiture devant elle, qui aurait été derrière sans ces quelques secondes… Elle me dit ça puis se tut.
Je lui dis qu’elle avait eu une chance incroyable, qu’elle devait remercier Dieu plutôt que de se torturer ainsi, que si ça avait vraiment été son heure, je ne l’aurais pas embrassée … J’eu beau dire, crier même, et la serrer très fort, elle n’eut plus la moindre réaction. Regard absent, posée sans un geste dans le fauteuil. Moi à ses cotés. Sa tête sur mon épaule. Nos mains serrées.
Nous restâmes ainsi, sans un geste, sans plus un mot, tout le jour, et jusqu’au matin.
Mais soudain, juste devant elle, un accident. L’Accident.
78 voitures, 160 morts quand le camion de produits chimiques explosa.
Et elle, garée in extremis sur la bande d’arrêt d’urgence. Indemne.
Elle m’appela. J’étais déjà au courant, on ne parlait que de ça aux infos, et j’avais fait demi-tour, prévenant mon employeur que je prenais ma journée. Nous nous retrouvâmes chez elle.
Elle me dit que c’était son heure, pas celle de ce couple et des trois enfants, dans la voiture devant elle, qui aurait été derrière sans ces quelques secondes… Elle me dit ça puis se tut.
Je lui dis qu’elle avait eu une chance incroyable, qu’elle devait remercier Dieu plutôt que de se torturer ainsi, que si ça avait vraiment été son heure, je ne l’aurais pas embrassée … J’eu beau dire, crier même, et la serrer très fort, elle n’eut plus la moindre réaction. Regard absent, posée sans un geste dans le fauteuil. Moi à ses cotés. Sa tête sur mon épaule. Nos mains serrées.
Nous restâmes ainsi, sans un geste, sans plus un mot, tout le jour, et jusqu’au matin.
***
Je savais ce qu’elle avait en tête. J’aurais pu tenter de l’en empêcher, la retenir, lui faire voir un médecin, que sais-je … mais ça n’aurait fait que retarder l’échéance, j’en suis sûr.
Alors je l’ai laissée partir.
Elle a démarré à la même heure que la veille, moins le baiser. Elle a pris le même itinéraire que d’habitude, à la même vitesse, jusqu’à l’autoroute, puis vers « sa » sortie.
Enfin, arrivée là où elle « aurait du » se trouver, la veille, à la place de l’autre voiture, elle coupa simplement le moteur.
Persuadée que c’était ici que tout devait finir.
Le camion ne put pas l’éviter
Alors je l’ai laissée partir.
Elle a démarré à la même heure que la veille, moins le baiser. Elle a pris le même itinéraire que d’habitude, à la même vitesse, jusqu’à l’autoroute, puis vers « sa » sortie.
Enfin, arrivée là où elle « aurait du » se trouver, la veille, à la place de l’autre voiture, elle coupa simplement le moteur.
Persuadée que c’était ici que tout devait finir.
Le camion ne put pas l’éviter
***
Les experts cherchent encore à comprendre les raisons de la panne. Je pourrais facilement tout leur expliquer, bien sûr.
Mais « un simple baiser », personne ne le croirait.
Mais « un simple baiser », personne ne le croirait.