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16 septembre 2007 7 16 /09 /septembre /2007 15:43
#019 Kickoff (logorallye n°17, sur son blog)
clinique, otage, fenouil, séparation, pédalo, stéréo, réserver, grossier, pirate, comédien

Ce texte fait partie du recueil "Braises" (projet "logorallyes").
L'ensemble des listes reçues dans le cadre du projet, et ce que j'en ai fait jusqu'ici, est consultable ici .



La journée avait plutôt mal commencé pour moi. Pourtant, les circonstances se prêtaient à merveille à un scoop : LE cliché qui montrerait le comédien le plus célèbre du moment, pirate mondialement connu pour ses exploits sur petits et grands écrans, comme un homme abattu. En effet, après des rumeurs de séparation d'avec son épouse, il aurait sombré dans une profonde dépression, aurait même peut-être tenté de se tuer, et se reposerait en ce moment à quelques centaines de mètres à peine, dans une luxueuse clinique privée au bord de la mer...

Vue de là où j'étais, la clinique ressemblait à un luxueux bateau de croisière. L'agitation du côté du parking, à gauche, montrait la prise d'assaut, j'oserais même dire la tentative d'abordage, par des nuées de journalistes, photographes de presse écrite ou télévisée, et paparazzi en tous genres. Une inversion des rôles très révélatrice, le pirate était désormais prisonnier de cette clinique, otage de sa célébrité, qui ne lui permettait même pas de se reposer en paix.

S'il n'avait pas quelques centaines de millions de dollars en banque, j'aurais presque pu le plaindre.

Et les gens sensés rendre compte "sérieusement" de l'information se comportaient comme des brutes épaisses, se bousculant entre eux, agressant le personnel de la clinique, le tout dans la plus indescriptible des cohues auxquelles il m'ait été donné d'assister.

Je profitai de ma position, assez idéale malgré les circonstances, pour prendre quelques clichés du début d'émeute sur le parking. Faute de mieux, ce serait toujours ça.

J'avais, comme je le fais toujours, cherché l'idée que mes "confrères" n'auraient pas pour réussir l'image que je serais seul à avoir. Etonnamment, ce que j'avais imaginé n'avait rien de très original, mais j'étais bien le seul à l'avoir mise en pratique : arriver par la mer.

Oui mais voilà, nous étions en pleine saison touristique, et il n'y avait absolument aucun petit bateau, vedette rapide, ou quelconque engin à moteur, maritime ou aérien, disponible pour que je puisse couvrir l'évènement. Ceux qui étaient là étaient tous réservés, peut-être par l'entourage même de l'acteur... Ce type de manoeuvre était assez fréquent dans ce genre de cas, je n'en étais pas particulièrement étonné, mais assez contrarié néanmoins.
Mon idée serait-elle tombée à l'eau avant même les premiers mètres ?

Heureusement que mon humour ne m'avait pas abandonné...

En désespoir de cause, et parce que j'avais quand même encore de bonnes jambes, puis que c'était la seule solution restante (un oubli de l'entourage, il faut croire...) j'avais loué un pédalo... 10 km de mer plus loin, j'essayais de ne pas me faire déporter par les vagues assez fortes à cet endroit, et j'observais la clinique et ses alentours avec mon téléobjectif... pas facile de travailler dans ces conditions, mon appareil craignait par dessus tout l'eau, j'avais donc du lui improviser un étui de protection le plus étanche ET transparent possible... cela donnait malgré tout des clichés assez grossiers, pris comme au travers d'une forte pluie. Mais quelques filtres correctifs appliqués par ordinateur, et on n'y verrait que du feu, j'avais l'habitude des conditions "limites", j'avais confiance.

Sur ces entrefaits, mon baladeur stéréo, que j'emportais toujours pour réussir à faire le vide dans ce genre de traque solitaire, décida de me jouer la panne de batterie... décidément, on n'était pas aidé...
Il ne manquerait plus qu'en voulant aborder près de la petite falaise contre laquelle était appuyée la clinique, je ne tombe nez à nez avec de la Criste marine, sorte de fenouil fort répandu sur ce genre de paysages des bords de la méditerranée, et que je déclenche une réaction allergique...

Je m'efforçai de chasser cette pensée, avant qu'elle ne me fasse éternuer anticipativement.


Je restai quelques temps dans le secteur, finissant par aborder, prenant discrètement quelques clichés de la clinique et de ses occupants, installés au bord de la mer sur la plage privée. La star n'y était pas.

Quand je décidai finalement de reprendre la mer, j'étais néanmoins assez satisfait : mes photos seraient sûrement retenues par la plupart des magazines peoples, car différentes de ce à quoi on s'attendait. Il y avait potentiellement une ou deux vues "de carte postale", capable de faire rêver le public, et que demandait-on finalement à ce genre de photos ? Il ne fallait pas forcément du sexe ou de la célébrité. Le luxe, la mer, le soleil, et l'ombre d'une star en pleine déchéance planant au dessus de tout ça, pouvait amplement suffire...



Une semaine après, j'étais comme je l'avais imaginé riche et en couverture de tous les magazines. Du moins mes photos, retravaillées et parfaitement réussies comme je l'avais supposé. On avait fini par apprendre que la star n'était pas là, que le suicide n'était qu'une rumeur, qu'il n'y avait même jamais eu de séparation (mais s'il fallait croire sur parole l'équipe de comm de son ex-femme, on raterait tous les scoops les concernant). Pour preuve, de nouveaux clichés des deux tourtereaux dans leur maison de Malibu (s'embrassant, puis dinant romantiquement sur leur terrasse, avant de profiter des joies de leur piscine privée pour un bain de minuit assez chaud...) commençaient à circuler sur internet, et seraient sans doute très vite reprises.

Mais pour moi, cela ne changeait rien : j'avais fait mon travail, et j'avais été payé. Que tout ça ne soit que du vent, ce n'était pas mon affaire... dans ce genre de métier, 90% du temps ce n'est rien d'autre que des apparences trompeuses, des faux semblants, des pièges tendus, du fabriqué.

Les chiffres sur mon relevé de compte, eux, étaient vrais. Et c'est bien là tout ce qui compte, non ?
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commentaires

S
On pourrait presque le conter à voix haute, c'est super sympa :)
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M
merci...
K
Je t'arrête tout de suite, je ne préfère pas que tes exercices ou ceux de quiconque  soient indépendants du reste des blogs.La preuve par le texte que je viens de déposer pour l'exercice d'aujourd'hui : il est en liaison avec une de mes Sagas.Sorry pour le Truc c'était pas méchant, j'étais juste persuadé que le "titre" comportait d'autre mots que "Les Ombres".En écrivant que tu n'avais plus besoind e "prétextes" je me voulais rassurant... J'ai raté on dirait.Tu sais quoi : C'est dommage que tu habites si loin sinon je t'aurais invité à venir boire un verre en terrasse sur la Place du Capitole et on aurait pu se parler sans les interférences de l'écran ;-)
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M
Tu me rassures. Parce que mon cycle est né entièrement sur les exercices de la communauté et de mon défi perso... alors au delà de mes doutes et de la "béquille" que représente pour moi les exercices... c'est aussi par "fidélité" que je continue à le mener ainsi, même s'il sera probablement réécrit ensuite pour le débarasser de ce qui sonne trop "exercice".Tu n'as pas raté, j'ai mal compris, ça peut arriver... surtout par écrans interposés comme tu le dis si bien... internet et ses malentendus...A ta santé ! :-)
M
Oui les mots permettent de trouver des idées (rugby, m'a fait courrir, mais m'a emporté vers un texte que je n'aurai jamais eu l'idée d'écrire et qui n'est absolument pas dans "mon style")Et oui, il faut réussi à trouver son style... Mais comment le faire sans avoir l'impression de répéter éternellement la même chose ?
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M
voilà tout à fait la raison pour laquelle je cherche à diversifier le plus possible les sujets et les genres. Je hais tellement la répétition que dès la première impression que c'est ce que j'ai fait, ma tête m'auto-censure. Et là, j'ai beau avoir un besoin vital d'écrire (question d'équilibre), rien à faire...Donc je diversifie, et quand un résultat me semble à la hauteur, je prend note, pour plus tard. Peu à peu je me trouve, sans (trop de) répétitions. Il faut y aller lentement... tout le monde n'a pas une confiance en soi innée... la mienne est au plus bas quoi que je puisse parfois laisser paraître.
K
Bon,  hormis le fait que je ne crois pas un seul instant à ton paparrazzi en pédalo qu'est pas foutu d'avoir un étui étanche pour son appareil photo alors qu'il est un "professionnel"  et qu'en plus il avait prévu de louer un bateau pour faire ses photos par la mer,  j'aime bien te lire - quand tu pars pas dans du Balzac pour la longueur matiné ADG pour le fond - et comme Curieuse et Claire te  le conseille, ne te disperse pas, trouveton style et garde le..Et dis toi queles mots ne sont qu'un prétrexte à se lancer dnas l'écriture, ce support est factice la preuve aucun de nous n'a encore écrit qq chose de similaire à ce qu'un autre a écrit.Voila. Essaye d'oublier les listes de mots - sauf quand tu les fais comme exercice pour la Communauté -  et lance toi dans l'écrioture d'une "suite" d'un de tes textes : Le Truc sur les Ombres par exemple.
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M
Il n'avait pas prévu de le faire par la mer, c'est venu dans l'impulsion du moment, en repérant les lieux. Mais ce n'est qu'un détail. Un paparrazzi en pédalo, l'idée m'a fait rire, et j'aime bien le genre parodique, par moments.J'ai encore besoin du défi que je me suis lancé. Même si ce n'est pas ce que tu sembles penser. Je ne me sens toujours pas assez confiant en ma plume pour me passer de ce "prétexte", je ne voudrais pas retomber dans mes blocages d'avant. Mais p-e je vais arrêter d'accepter de nouvelles listes (ce qui me laisserait 8 ou 9 jours pour finir celles reçues). On verra comment je me sens d'ici-là.Pour les Ombres (le Truc... ça fait plaisir tiens...), la suite va venir aujourd'hui, dans le cadre de l'exercice de la communauté (comme d'ailleurs les 4 volets précédents sont venus sur des exercices). Je sais, tu préférerais que ça vienne indépendamment. Désolé, pas encore possible.Et pour "Si tout va bien..." ... on verra. J'espère le continuer (et si possible l'achever) cette semaine en tout cas.
C
Le sujet est tellement loin de moi qu'il ne me serait jamais venu à l'idée d'écrire sur un paparrazzi... Tu as de bonnes idées, tu fourmilles d'idées je dirai même ! :o)Il parait qu'un auteur se reconnaît à sa façon d'écrire, aux thèmes qu'il aborde constamment, qu'il tourne et retourne dans tous les sens tout le temps. Et à sa musique intérieure, Curieuse à entièrement raison (sur ton fil). Ne te laisses pas disperser par un trop plein de recherches d'idées, concentre-toi sur l'essentiel, tu devrais alors trouver ta propre musique, ton propre rythme, enfin c'est ce que je crois. ;-)
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M
merci pour le compliment sur les idées.Ecrire sur une liste de mots n'est pas comme écrire sans aucun guide. D'abord, je n'y arrivais pas quand je voulais (pour ça que j'ai recours aux exercices, pour me décomplexer la plume et donc pouvoir écrire quand je veux). Ensuite, les mots font quand même naître des idées pas forcément dans mon univers (quoi que j'utilise souvent les exercices pour écrire ce que je veux écrire, ces temps-ci... et je vais d'ailleurs encore le faire aujourd'hui).Même question quand même qu'à curieuse qui ne m'a pas encore répondu : le problème se pose-t-il avec tous mes textes, ou juste certains ? Car je n'ai jamais nié que les textes écrits autour de listes étaient inégaux... ça dépend des jours...