Texte écrit dans le cadre du défi créatif d'aout 2023.
J’ouvre les yeux, épuisé. La nuit a été compliquée, trop chaude, trop agitée …
Trop seul.
Je me tourne vers ton côté du lit, et tu n’y es pas. Ce n’était donc pas un cauchemar, tu es partie.
« Pour respirer, quelques jours, le temps de me retrouver ». Pourquoi dit-on tous ça à l’autre quand on part, pourquoi ne peut-on pas s’avouer franchement que c’est fini ?
Je me lève sans entrain. J’ai des courses à faire ce matin, il faut que je m’active. Mais à la seconde où mon pied touche le sol, je sais que je vais passer la journée à mesurer le temps qui me sépare du moment de me recoucher.
J’avance comme un zombie, passant plus de temps qu’il ne le faudrait dans la salle de bain (qui a dit qu’on ne pouvait pas dormir debout ? Sous une bonne douche, adossé au revêtement carrelé, c’est parfaitement réalisable), moins qu’il ne le faudrait devant mon frigo (pas faim, un verre d’eau suffira pour l’instant). Puis commence la lecture des mails, et la réponse à certains. Et il est bientôt l’heure de me mettre en route.
La routine matinale aide un peu, je fonctionne.
Mais je découvrirai plus tard que j’ai écrit à mon patron en l’appelant par ton prénom, en lui demandant quand il comptait revenir, que ce soit pour de bon ou pour reprendre ses affaires. Heureusement, fort de l’expérience de 5 divorces, il ne m’en tiendra pas rigueur.
Plus gênant, le fait est que d’habitude quand nous sortons de la maison le matin (ensemble), c’est toi qui récupères la clé sur la porte coté intérieur avant de sortir et la fermer. Machinalement, j’ai claqué la porte … et la clé est restée à l’intérieur. Je suis bon pour appeler un serrurier. Plus tard ?
Mais je découvre que j’ai également laissé mes papiers, mon téléphone, et mes clés de voiture, à l’intérieur. Heureusement que j’ai un voisin compréhensif (et présent !) qui me laisse téléphoner immédiatement. J’attend quand même deux bonnes heures avant que le problème ne se règle (ça fera 120 euros monsieur ! ah vous payez sur facture ? Alors ça sera plus cher !) puis je me remet en route, hésitant néanmoins : la liste des problèmes va-t-elle encore s’allonger ?
Mais le matin se poursuit plus calmement, entre les courses, puis le télétravail (avec en premier lieu une longue explication en vidéoconférence avec mon patron, pour le mail). Je boucle mon travail de la journée avant même l’heure du déjeuner, et en accord avec le patron, je me déconnecte donc.
Je retourne me coucher, comme un zombie.
Les cauchemars reviennent, et tu es partout.