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24 août 2023 4 24 /08 /août /2023 09:11

Texte écrit dans le cadre du défi créatif d'aout 2023.


Nous avions été appelés au petit matin. Un hélicoptère de surveillance qui survolait l’autoroute à la poursuite d’un « go fast » avait signalé un cercle parfait au plein cœur de la forêt, et comme il ne pouvait pas se dérouter de sa mission, nous n’en savions pas plus.

Mais là, après une bonne heure à nous orienter comme nous le pouvions, tous les instruments de repérage (électroniques ou non) semblant devenus fous, nous arrivâmes en vue de la trouée.

Nous étions venus avec une équipe canine, c’était la procédure quand nous nous enfoncions ainsi dans les bois. Mais à l’approche de la « clairière », ils semblèrent devenus comme fous, aboyant furieusement et refusant d’avancer. C’est sans eux que nous avons donc parcouru les derniers mètres.

 

Au moment de déboucher au soleil, Francis, mon collègue, me rattrapa par le bras, me tirant vers l’arrière. L’autre gendarme à ma droite s’engagea … et des éclairs bleus sortant du sol le carbonisèrent instantanément !

Ce qu’il resta de son corps aurait dû retomber au sol mais sembla rester en suspens, oscillant entre 5 et 20 cm au-dessus, des éclairs le reliant à la terre. Celle-ci semblait également comme brûlée, aucune végétation n’y était présente.

En observant les pourtours de la clairière, que nous mesurâmes sans nous y engager à environ 50 mètres de diamètre, nous observâmes que les arbres qui la bordaient avaient été comme coupés, avec beaucoup de précisions et des traces évidentes de brûlure, n’en laissant que là les deux tiers, là encore la moitié, debout. En hauteur, nulle trace de la moindre branche ou feuille qui aurait surplombé la trouée.

Comme un tir de laser depuis l’espace, pensais-je alors, en ricanant intérieurement.

Mais le phénomène « électrique » ne collait pas avec cette théorie.

D’ailleurs il ne collait pas non plus avec les incidents précédents qui nous avaient été rapportés, un peu partout sur la planète, et récemment à moins de 10 kms d’ici. C’était la première fois où un phénomène se produisait dans la même zone qu’un précédent.

Nous avions fini nos observations sur le périmètre, et on nous fit savoir que les équipes de fouille dans la forêt n’avait strictement rien repéré d’anormal. Là encore, c’était conforme aux autres occurrences. Il n’avait jamais été possible de trouver le moindre élément, l’ombre d’un début de piste.

Il fallait néanmoins continuer à suivre la procédure, et donc nous devions maintenant prélever des échantillons à analyser.

 

Nous en étions à nous interroger sur la façon de procéder pour ne pas finir comme notre collègue, quand son corps fut secoué par une gerbe d’étincelles presque plus intense que celle qui l’avait tué … puis retomba au sol brutalement, sans plus la moindre trace d’éclairs.

C’est au même moment que nos appareils électroniques semblèrent se souvenir de leurs fonctions, et nous pûmes continuer les relevés, en progressant d’abord prudemment, tâtant le sol de la clairière avec des bâtons avant d’y poser le pied.

Nous prîmes le plus de photo et d’échantillons qu’il fut possible. D’autres équipes y retourneraient si les scientifiques le jugeaient nécessaire.

Bien sûr, les analyses ne donneraient rien, j’en aurais mis ma main à couper. Ce qui avait taillé et brûlé les arbres et le sol, dans une forme parfaitement circulaire, au plein cœur de la forêt pendant une nuit paisible, ne serait pas expliqué par un chercheur dans un laboratoire.

Des sortes de cristaux, qui vibraient légèrement au toucher, furent par contre découvert mélangés à la terre. Peut-être le premier indice sérieux que nous pourrions avoir, pensais-je.

 

Mon travail ici était terminé, et je repartis avec l’équipe.

 

Quelques jours plus tard, je fus convoqué à la préfecture. Parmi les personnes présentes, je ne connaissais que mon supérieur direct. Personne ne jugea bon de faire les présentations.

On me dit qu’une erreur s’était glissée dans mon rapport de l’examen des lieux, et que pour le bien de tout le monde, mais surtout le mien, il allait falloir que j’en signe une version amendée. Qu’il fallait que tout soit bien exact, que c’était trop important. On ne me répondit pas quand je demandai de quelle erreur il s’agissait, et c’est à peine si on me laissa le temps de parcourir la nouvelle version du rapport. Où ne figurait plus la mention des cristaux.

Je choisis de ne pas poser de questions à ce sujet, et je signai.

Il y avait une autre page ajoutée à la fin du rapport, qu’on me dit de lire attentivement avant de la signer également. C’était un accord de confidentialité. Je n’avais pas le droit de dire quoi que ce soit de ce que j’avais vu dans la forêt, ni même que je m’y étais rendu, ou qu’il s’y serait passé quelque chose d’étrange. Officiellement, ce jour-là, ni moi ni mon unité n’étions de service.

 

Aucun des autres évènements, même les autres cas en France, n’avaient fait l’objet d’un tel « effacement ». C’est donc qu’il devait y avoir quelque chose de différent, cette fois.

Mais de toute ma carrière, je ne sus jamais de quoi il s’agissait.

De nombreux autres évènements furent signalés partout autour du monde. Je soupçonnais qu’il y en avait bien plus que ce qu’on laissait filtrer aux actualités. Et que nous devions en savoir bien plus sur le sujet, également.

Je ne cessai d’espérer une explication de mon vivant.

 

Mais cela fait 10 ans maintenant que j’ai pris ma retraite. Et au fond de mon lit, dans l’hôpital militaire où on m’avait admis pour la 3ème fois en 2 mois, avec le médecin qui m’expliquait que je ne sortirais pas cette fois, que c’était une question d’heure, de jours peut être, et qu’il n’avait jamais vu un cas comme le mien de toute sa carrière, je sus que je n’aurais jamais l’explication.

 

Mais les petits éclairs bleus qui dansaient au bout de mes doigts me disaient, je suppose, tout ce que j’avais passé ma vie à attendre.

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